
L’investisseur a peu de chance face à l’inflation

Il n’y a pas de remède face à l’inflation pour les investisseurs. Après une année 2022 historique, les économistes de Credit Suisse Research Institute et de la London Business School se sont penchés sur la performance des différentes classes d’actifs dans les régimes de prix élevés. L'édition 2023 du Credit Suisse Global Investment Return Yearbook passe en revue les rendements sur long terme (90 pays couverts dont 35 depuis 1900). Or l’inflation ne devrait pas revenir à la cible fixée par les banques centrales aussi vite que ne l’anticipent les marchés.
«Ils sont trop optimistes, relève Paul Marsh, professeur à la London Buriness School, qui a présenté l’étude jeudi. Historiquement, l’inflation a montré une certaine inertie. Quand elle a atteint 8%, il a fallu plusieurs années pour qu’elle revienne à la cible.» L’an dernier, la hausse des prix a touché des niveaux inédits depuis des décennies.
Peu d’actifs permettent d’y faire face. «Au cours des 123 dernières années, l’inflation a eu un impact négatif sur les obligations et les actions, indiquent les économistes de Credit Suisse. Les actions ne fournissent pas de couverture contre l’inflation, malgré les affirmations contraires.» Plus le régime d’inflation est élevé, plus le rendement des actions diminue jusqu’à devenir négatif en période de forte hausse des prix. La corrélation négative entre actions et obligations depuis 2000 dans la plupart des pays était une exception. «La couverture a échoué en 2022, car les actions et les obligations ont toutes deux chuté en raison de l’inflation, de fortes hausses des taux d’intérêt réels et des cycles de hausse des taux», relève l’étude.
Paul Marshal explique cette illusion par le fait que sur le long terme les actions finissent par protéger de l’inflation grâce à leur prime de risque plus élevée. Les actions d’un indice mondial ont offert une prime de risque (par rapport aux placements court terme) de 4,6% en moyenne, compte tenu d’un rendement annuel de 5%. Toutefois, une grande partie de cette prime est réalisée pendant les périodes d’assouplissement monétaire.
Les auteurs de l’étude montrent par ailleurs que les matières premières prises individuellement ne permettent pas non plus de protéger contre l’inflation car leur rendement annuel sur le long terme est faible voire négatif. En revanche, un panier de matières premières équipondéré - offrant une plus grande diversification et une moindre volatilité - permet un surcroît de rendement.
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