
L’heure de la normalisation approche à grands pas pour la BCE

Le moment où la BCE va être confrontée à la gestion épineuse de la normalisation des taux directeurs se rapproche. Toute discussion sur le sujet semble encore prématurée et ne devrait donc pas apparaître au menu de la réunion du Conseil des gouverneurs qui se tient jeudi, dans la mesure où les rachats de titres de la BCE doivent encore se poursuivre jusqu’à la fin de l’année et que l’éventualité d’une première hausse des taux ne sera pas abordée avant l’été 2019. Les investisseurs n’ont pourtant pas attendu pour figer leurs anticipations. Les marchés, à l’instar du consensus, voient une première hausse du taux de dépôt de 10 pb au mois de septembre 2019, à un niveau de -0,30%, et la fin de la politique de taux négatif en janvier 2020, pour un resserrement total de 65 pb d’ici fin 2020.
A court terme, «malgré l’environnement peu encourageant, les risques baissiers sont trop faibles pour le moment pour modifier la trajectoire de la BCE d’un arrêt de ses achats en fin d’année», estime ING. Les marchés commencent à s’inquiéter de l’atonie de l’inflation sous-jacente en zone euro, stable à un niveau inférieur à 1% au mois de septembre, qui tranche avec les prévisions de rebond formulées par la BCE, de 1,5% pour l’an prochain et de 1,8% en 2020, mais également avec la forte accélération du rythme annuel de hausse des salaires à 2,3% fin juin après le plus bas de 0,9% atteint il y a deux ans. D’autant que le risque politique italien s’est traduit par un léger décrochage des points morts d’inflation 10 ans de 15 pb depuis le début d’année, contre une hausse de 20 pb pour ceux des indexés espagnols.
«Compte tenu des fortes incertitudes actuelles, le besoin que la BCE instaure une forward guidance l’an prochain reste élevé, et des perspectives de croissance moins fortes pourraient remettre en cause le rythme de hausse de taux et forcer la BCE à envisager un nouvel assouplissement», alerte SG CIB. Elle pourra jouer sur ses réinvestissements de titres dont le montant atteindra 160 milliards d’euros dans les 12 prochains mois et sur la clé de répartition pour atténuer d’éventuelles tensions de marché. Peter Praet, chef économiste de la BCE, estime que l’arrivée à maturité des 500 milliards d’euros de TLTRO fin 2020 réduira de moitié l’excès de liquidités dans le système à 1.000 milliards, et que la baisse de la duration moyenne des titres après l’arrêt du QE conduira à un rebond progressif des primes de terme.
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