L’extrême droite arrive largement en tête des élections aux Pays-Bas

Pour gouverner, le parti de Geert Wilders aux positions anti-Europe et anti-immigration devra toutefois trouver des alliés.
Amsterdam Pays-Bas Netherlands canaux
Canaux d’Amsterdam, Pays-Bas.  -  Photo UE / European Commission.

Le chef de file du Parti pour la liberté (PVV, extrême droite), Geert Wilders, qui a promis de stopper complètement l’immigration aux Pays-Bas, est en passe de réaliser une victoire retentissante aux élections législatives organisées mercredi, un sondage de sortie des urnes donnant le PVV en tête.

Battant toutes les attentes, le PVV est crédité de 35 des 150 sièges parlementaires, devant l’alliance travaillistes-écologistes dirigée par l’ancien Commissaire européen Frans Timmermans, qui obtiendrait 25 sièges. Le Parti libéral (VVD) du Premier ministre sortant Mark Rutte, qui a présenté sa démission en juillet, se classe troisième avec 24 sièges.

Cet écart est bien plus important que ne le laissaient anticiper les enquêtes d’opinion, qui indiquaient un coude-à -coude entre l’actuelle ministre de la Justice, Dilan Yesilgoz, issue du VVD, Frans Timmermans et Geert Wilmers.

Les sondages de sortie sont traditionnellement fiables dans le pays, avec une marge d’erreur d'à peine deux sièges, ce qui laisse à penser que Geert Wilders aura effectivement la charge de former un nouveau gouvernement.

Au cours d’un discours de victoire, le chef de file du PVV, anti-Europe et anti-islam, a promis mercredi soir de mettre fin «au tsunami de l’asile et de l’immigration», déclarant qu’il allait «rendre le pays aux Néerlandais».

Contre l’immigration

Geert Wilders a profité d’un ressentiment croissant à l'égard de l’immigration, imputant la pénurie de logements aux flux de demandeurs d’asile et se servant aussi des inquiétudes des électeurs face à la hausse du coût de la vie et à la surcharge du système de santé.

Si elle était confirmée, la victoire du PVV interviendrait deux mois après le retour au pouvoir d’une autre figure populiste du continent, Robert Fico, en Slovaquie, qui a promis de stopper l’aide à l’Ukraine et de réduire l’immigration.

L’Italie est aussi dirigée par son gouvernement le plus à droite depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, avec la victoire électorale l’an dernier de Giorgia Meloni.

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Décrivant une «performance spectaculaire», Marine Le Pen a félicité Geert Wilders et le PVV via le réseau social X (anciennement Twitter), déclarant que cela confirmait «l’attachement croissant à la défense des identités nationales».

«C’est parce qu’il est des peuples qui refusent de voir s'éteindre le flambeau national que l’espoir du changement reste vif en Europe», a écrit la présidente du groupe parlementaire du Rassemblement National (RN).

Au coeur d’une crise politique ayant poussé Mark Rutte à démissionner, la question de l’immigration a été majeure durant la campagne, de même que le financement de la transition énergétique dans un contexte de hausse du coût de la vie.

Arrêt du soutien à l’Ukraine

Geert Wilders, admirateur autoproclamé du très conservateur Premier ministre hongrois Viktor Orban, se trouve sous protection policière depuis des années pour ses positions incendiaires sur l’islam, qui lui ont valu des menaces de mort.

Explicitement détracteur de l’Union européenne, il est favorable à ce que les Pays-Bas contrôlent leurs frontières, revoient à la baisse les paiements versés au bloc communautaire et empêchent l’adhésion de quelconques nouveaux membres.

Le chef de file du PVV veut par ailleurs qu’Amsterdam arrête de fournir un soutien militaire à l’Ukraine, estimant que les armes doivent être conservées pour pouvoir protéger le pays. Aucun des partis avec lesquels il pourrait former une coalition gouvernementale ne partage toutefois cet avis.

Trouver une alliance

Il est attendu que Geert Wilmers tente de former une alliance de droite avec le VVD et le parti Nouveau contrat social, avec au total une majorité de 79 sièges.

Toutefois les négociations pourraient s’avérer compliquées alors que les deux formations politiques ont exprimé par le passé leurs doutes sur une potentielle collaboration avec Geert Wilders, du fait de sa volonté de fermer tous les mosquées et d’interdire le Coran aux Pays-Bas.

«Je suis confiant sur le fait que nous parviendrons à un accord», a déclaré Geert Wilders mercredi soir, ajoutant que le PVV était devenu trop important pour être ignoré et se disant prêt à diriger le pays.

Mark Rutte reste chargé de vaquer aux affaires courantes jusqu'à l’intronisation d’un nouveau gouvernement, vraisemblablement au premier semestre 2024.

(Avec Reuters)

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