L’Etat schizophrène, promoteur et fossoyeur de la Bourse de Paris

Pendant que Bercy publie un catalogue de vœux pieux pour dynamiser les introductions en Bourse à Paris, les politiques alourdissent la taxe sur les transactions financières et maintiennent l’omerta sur la retraite par capitalisation. L'édito d’Alexandre Garabedian.
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Alexandre Garabedian, directeur de la rédaction de L'Agefi  - 

Grande nouvelle pour les entrepreneurs de la tech ! Bercy a décidé de donner un coup de fouet aux introductions en Bourse, laquelle enregistre ces derniers temps plus de sorties que d’entrées. 2025, année du retour des IPO à Paris ? Comme en 2024, 2023, peut-être même 2017 ou 1998. Un énième comité, le French Tech Finance Partners, se propose d’accomplir le miracle. Est-ce le fruit du haut patronage de la ministre déléguée à l’intelligence artificielle ? Les dix propositions publiées le 31 janvier auraient pu être signées de ChatPGT ou DeepSeek. Mobiliser les investisseurs institutionnels français en faveur des candidats à la Bourse, orienter l’épargne des particuliers vers les actions, voilà des recommandations frappées au coin du bon sens pour redynamiser la cote.

Le même jour, députés et sénateurs adoptaient en commission mixte paritaire un projet de budget 2025 dont les grands patrons du CAC 40 ont déjà dénoncé les effets délétères pour l’attractivité du pays. Entre autres joyeusetés, le texte alourdit la taxe sur les transactions financières, cet impôt de Bourse qui frappe les sociétés cotées d’une capitalisation supérieure au milliard d’euros ayant leur siège en France. Pour les entreprises, c’est une incitation directe à aller se lister ailleurs, ce qu’elles ont déjà commencé à faire. Pour le particulier, une bonne raison de ne plus acheter ou vendre de titres en direct. Le pot commun des ETF suffit à combler les investisseurs en actions, jeunes générations en tête. Dommage que ces produits profitent d’abord aux indices et aux groupes américains.

Quant aux institutionnels, ils doivent se contenter d’expédients – fonds de place et labels – pour accompagner les candidats à la cotation. Les experts du comité réuni par Bercy font ce qu’ils peuvent pour contourner l’éléphant dans la pièce : l’absence de fonds de pension à la française. La loi Thomas, votée en 1997 mais jamais appliquée pour cause d’alternance au pouvoir, aurait permis de créer ces investisseurs de long terme en actions. Vingt-huit ans et une autre dissolution plus tard, le double choc démographique et budgétaire justifierait qu’une réflexion s’engage sur la refonte du système de retraite, avec l’introduction d’une dose de capitalisation collective et obligatoire. Tant que le sujet restera tabou, comme aujourd’hui au Parlement, tous les conclaves sur l’attractivité de la Bourse n’aboutiront qu’à un catalogue de vœux pieux.

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