
Les taux allemands sont tout près de rebasculer en terrain positif

Après plus de deux ans sous zéro, le taux 10 ans allemand est proche d’être à nouveau positif. Le rendement du Bund à 10 ans se tend encore de 2 points de base (pb) vendredi matin, à -0,08%, un plus haut depuis juin 2019. Les rendements des dettes de la zone euro sont globalement en hausse. Celui de l’OAT français suit le Bund à 0,25%. Le rendement du Bonos espagnol de même maturité avance de 3 pb à 0,54% tandis que celui du BTP italien bondit de 8 pb, à 1,02%.
Le mouvement de repentification des courbes de zone euro a pris de l’ampleur ces dernières semaines. En un mois, les rendements du Bund et de l’OAT ont pris 24 pb, celui du BTP 35 pb. Cette hausse est alimentée par celle des anticipations d’inflation à une semaine de la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européen (BCE).
Hausse des anticipations d’inflation
Les anticipations d’inflation ont atteint vendredi de nouveaux plus hauts de plus de sept ans en zone euro. Les pénuries de main-d’oeuvre et de semi-conducteurs, la hausse des prix des carburants, du transport maritime ou encore des matériaux de construction (confirmées ce vendredi par les entreprises dans les résultats préliminaires de l’enquête PMI pour octobre) sur fond de reprise économique poussent de plus en plus d’entreprises à répercuter sur leurs clients l’augmentation de leurs coûts, ce qui alimente l’inflation globale.
Le point mort d’inflation à dix ans allemand, qui mesure l'écart entre le rendement d’une obligation classique et celui d’un titre comparable indexé sur l’inflation, a atteint 1,81% en début de séance, son plus haut niveau depuis avril 2013.
Son équivalent sur le marché américain est, lui, au plus haut depuis août 2006, à 2,64%. Après être resté plusieurs semaines dans une marge étroite, il est également reparti à la hausse avant d’accélérer depuis début octobre (+27 pb).
«Ce qu’il faut remarquer aussi, c’est que la hausse des anticipations d’inflation n’est pas uniquement concentrée sur les prochaines années puisque les swaps d’inflation à cinq ans dans cinq ans, qui mesurent les anticipations pour une période de cinq ans débutant dans cinq ans, ont aussi nettement augmenté», souligne Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank. Le «cinq ans dans cinq ans», un indicateur regardé par la BCE, est au plus haut depuis septembre 2014 à 2%, pile la cible de la banque centrale.
Dans l’attente de la BCE
La BCE devrait laisser sa politique monétaire inchangée à l’issue de la réunion de son Conseil des gouverneurs jeudi prochain mais sa présidente, Christine Lagarde, pourrait devoir préciser son diagnostic sur le caractère «temporaire» de la poussée inflationniste en cours.
«Comment conserver des conditions monétaires et financières accommodantes dans un contexte de hausse de l’inflation où la dernière enquête PMI en zone euro suggère un ralentissement de l’activité au quatrième trimestre, tout en conservant l’idée d’un épisode inflationniste temporaire?», s’interroge Jesus Castillo, économiste chez Natixis. Le dilemme est d’autant plus grand pour la banque centrale qu’elle doit reconnaître une forme de «tapering technique» avec la réduction du rythme des achats nets dans le cadre du PEPP. Une équation compliquée par «la nécessité de maintenir des taux d’intérêt à long terme faibles en raison des niveaux d’endettement élevés des Etats européens», ajoute ce dernier.
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