
Les particuliers gonflent la valorisation des actions

Les actions ont la cote. Les flux d’investissement vers les fonds spécialisés ont battu un record hebdomadaire (semaine au 17 mars) de 68,3 milliards de dollars, dont 53 milliards pour les seuls fonds d’actions américaines, selon les données d’EPFR. Cette collecte est stimulée par l’appétit des investisseurs particuliers (retail), notamment aux Etats-Unis où une partie des chèques reçus de l’administration ont été investis en actions. Le plan Biden prévoit également un versement de 1.400 dollars aux ménages. Les stratégistes de Deutsche Bank (DB) estiment que cela pourrait apporter 170 milliards de flux supplémentaires. De quoi continuer de dynamiser des marchés actions que l’on n’arrête plus malgré la hausse des taux longs américains.
Au-delà de l’effet de flux, les investisseurs retail ont aussi un impact sur les niveaux de valorisation. «Les actions sont surévaluées quel que soit l’indicateur, relève Bindy Chadha, stratégiste chez DB. Plus que le niveau des taux bas, les multiples élevés traduisent l’accroissement de l’allocation des particuliers aux actions. Ils ont augmenté leur exposition à partir du creux de mars 2020 puis tout au long du rallye, forçant les autres investisseurs à couvrir leurs positions et à courir derrière le papier.» Ils ont non seulement été à l’origine du rebond mais ont aussi imprimé le rythme du rallye ainsi que sa teneur, à savoir les valeurs qui en ont le plus bénéficié.
La surévaluation serait de 20% pour l’indice S&P 500 qui se paye aujourd’hui 23 fois les bénéfices du quatrième trimestre annualisés, soit 4,5 points de plus que sa juste valeur de 18,5 fois, calculée à partir des facteurs traditionnels - taux de distribution, bénéfices par rapport à la tendance, inflation et volatilité. «La majeure partie de cet écart de valorisation est due aux investisseurs retail», explique Parag Thatte, stratégiste chez DB qui reconnaît que si les valorisations sont élevées, elles ne sont pas extrêmes, comparées à la bulle de la fin des années 1990. A l’époque le multiple était 70% au-dessus de la juste valeur.
Quoi qu’il en soit, ces stratégistes anticipent une diminution de la participation des investisseurs particuliers, ce qui aura un effet sur les niveaux de PER. Par ailleurs, ces niveaux de valorisation devraient s’ajuster à la baisse en anticipation d’un retour à la normale des bénéfices (attendus en fort rebond cette année après le creux de 2020). Ces valorisations élevées se justifient aussi par la situation actuelle de sortie de récession.
Plus d'articles du même thème
-
La chute se poursuit sur des marchés paniqués par la guerre commerciale
Les Bourses européennes ont ouvert dans le rouge vif lundi après le plongeon des marchés asiatiques. Les taux continuent également à reculer. -
Les cours de Bourse des gestionnaires d'actifs ne sont pas épargnés par la bataille des tarifs douaniers
L'Agefi a calculé et compilé les variations de cours enregistrées par les gestionnaires d'actifs cotés en Bourse sur les séances du 3 et 4 avril 2025 après les annonces américaines sur les droits de douane. -
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions