
Les marchés britanniques tremblent après les démissions de quatre ministres

La livre sterling, les rendements des gilts et les valeurs bancaires les plus exposées au Royaume-Uni chutent jeudi, en réaction à des démissions en série au sein du gouvernement britannique liées au projet d’accord sur le Brexit annoncé hier soir par la Première ministre Theresa May.
Le ministre du Brexit, Dominic Raab, le secrétaire d’Etat pour l’Irlande du Nord, Shailesh Vara, la ministre du Travail, Esther McVey, et la secrétaire d’Etat du Brexit, Suella Braverman, ont tous remis leur démission à Theresa May, jeudi matin. «Je pense que le régime réglementaire proposé pour l’Irlande du Nord représente une menace très réelle pour l’intégrité du Royaume-Uni», a notamment déclaré Dominic Raab dans sa lettre de démission pour justifier son départ.
«L’accord sur le Brexit est mort avec la démission du ministre du Brexit, Dominic Raab, et Theresa May pourrait arriver au bout de sa route», commente Naeem Aslam, responsable de l’analyse de marché chez Think Markets UK. «En réaction à cette démission, nous constatons d’importants ordres de vente et la paire livre-dollar est en chute libre pour le moment», ajoute-t-il.
Vers 12h45, la livre reculait de 1,5% à 1,1312 euro et 1,2798 dollar, à comparer à environ 1,1480 euro et 1,3017 dollar en début de matinée.
Les investisseurs attendent désormais de voir si les conservateurs partisans d’une ligne dure sur le Brexit chercheront à démettre Theresa May de ses fonctions à la tête du parti, et si le projet d’accord sur le Brexit sera adopté par le Parlement, indique Danske Bank. «Nous anticipons des mouvements marqués de la part de la livre sterling et en attendant, la devise britannique restera volatile», ajoute la banque.
«Il a toujours semblé difficile pour Theresa May de faire adopter [son accord sur le Brexit] par le Parlement, mais cette démission [de Dominic Raab, ndlr] rend cela encore plus compliqué et attire l’attention immédiate sur son avenir», précise Shamik Dhar, chef économiste de BNY Mellon Investment Management. «Les chances d’un Brexit sans accord ont légèrement augmenté», ajoute-t-il.
Dans le sillage du repli de la livre, les rendements des emprunts d’Etat britanniques, ou gilts, reculent, les investisseurs commençant à exclure la possibilité de nouvelles hausses des taux d’intérêt au Royaume-Uni. Cette tendance pourrait s’accentuer si Theresa May ne parvient à remporter l’adhésion du Parlement au projet d’accord sur le Brexit, prévient David Zahn, responsable des obligations européennes chez Franklin Templeton. Vers 12h45, le rendement du gilt à dix ans reculait à 1,271%. Il avait terminé la séance à 1,370% mercredi soir.
De leur côté, les banques britanniques chutent lourdement à la Bourse de Londres. Royal Bank of Scotland perd 7,3%, Barclays abandonne 4,5% et Lloyds Banking Group recule de 4,9%. Seules HSBC et Standard Chartered, dont les activités sont tournées vers les marchés internationaux, résistent au mouvement de vente.
Les exportateurs britanniques profitant du repli de la livre, l’indice FTSE 100 gagne néanmoins 0,2% à 7.046,09 points. Les entreprises composant l’indice réalisent environ 77% de leur chiffre d’affaires en dehors du Royaume-Uni.
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