
Les marchés anticipent un décrochage durable des anticipations d’inflation en zone euro

Le tournant accommodant adopté par les grandes banques centrales a permis de stopper la chute des anticipations d’inflation. Le point mort d’inflation allemand 10 ans a rebondi de 13 pb depuis le plus bas touché fin février de ces 3 dernières années. Il est repassé au-dessus de 1%, à ses plus hauts depuis décembre. Cette tendance s’est confirmée aprèsl’annonce par la BCEjeudi dernier de nouvelles opérations TLTRO, et du maintien des taux au moins jusqu’à la fin d’année. Le fait que le swap inflation euro 5 ans dans 5 ans soit repassé sous 1,5% après les annonces de la BCE et que les points morts en France, Espagne soient restés stables indique que le marché ne prévoit aucun rebond de l’inflationà moyen terme par rapport à des niveaux actuels bas d’environ 1%.
«Pour que les anticipations d’inflation reviennent autour de 1,30%, comme lors des 3 premiers trimestres 2018, il faudrait une hausse des taux nominaux, du prix du pétrole, ou des actions, une reprise de l’activité et/ou une inflation constatée, clairement orientée à la hausse. Ce n’est pas gagné», estime René Defossez, stratégiste chez Natixis. Le swap inflation 5 ans - 5 ans, déjà inférieur de 20 pb à sa moyenne de 2018 de 1,7%, s’éloigne de l’objectif de la BCE et de sa moyenne depuis 2015, à 2,1%. «La politique expansionniste de la BCE n’a pas réussi à redresser l’inflation anticipée. On peut même attribuer son recul aux taux d’intérêts durablement bas, soit par le mécanisme de taux nominaux qui déterminent l’inflation, soit par la dégradation de la profitabilité des banques», estime Natixis.
«Il est clair que pour les banques centrales le risque n’est pas une inflation trop forte, mais trop faible (même la Fed reconnaît que le risque de déflation n’a pas disparu). Le marché en est bien conscient, d’où le faible appétit pour les linkers», ajoute René Defossez. Malgré cette tendance globale, le point mort américain a rebondi de 25 pb depuis le début de l’année, et le marché anticipe un décrochage des anticipations d’inflation plus durable en zone euro qu’aux Etats-Unis. Le spread entre les points morts 10 ans allemands et américains est ainsi repassé au-dessus du seuil des 100 pb, pour la première fois depuis août 2014, juste avant le lancement du programme de rachats de titres de la BCE. Et ceci malgré des taux réels négatifs en zone euro, et légèrement positifs aux Etats-Unis, sur l’ensemble de la courbe.
Plus d'articles du même thème
-
L’emploi américain, une bonne nouvelle dans une période troublée
Les chiffres du rapport mensuel sur le marché du travail ressortent plutôt bons pour le mois de mars. Le détail confirme encore une dynamique faible de l’économie américaine, sans prendre encore en compte les effets des licenciements déjà effectués dans le secteur public, ni ceux liés aux risques économiques résultant de la hausse des droits de douane. -
Les craintes d’inflation s’emballent aux Etats-Unis
La perspective d’une vague de tarifs douaniers à compter du 2 avril inquiète les entreprises et les ménages américains qui anticipent une nouvelle hausse de l’inflation. Les prévisions à court terme des marchés atteignent un plus haut de deux ans. Tout dépendra de l’impact du ralentissement. -
La désinflation se poursuit en zone euro
La diminution de la hausse des prix dans les services et une convergence plus générale entre les pays apparaissent comme un nouvel encouragement en faveur d’une septième baisse des taux de la Banque centrale européenne en avril.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions