
Les marchés actions n’ont pas atteint leur seuil de douleur

Après avoir fini, la semaine passée, juste sous le niveau qui détermine un marché baissier (-20%), le S&P 500 s’est offert un rebond lundi, entraînant dans son sillage les autres places boursières. Mais cette reprise pourrait faire long feu alors qu’une majorité d’investisseurs s’attend à une poursuite de la baisse des actions.
Dans un sondage Bloomberg, ils anticipent un repli supplémentaire du S&P 500 de 10%, à 3.500 points (médiane), ce qui porterait son repli à 27% par rapport à son plus haut historique en début d’année. Binky Chadha, stratégiste chez Deutsche Bank, rappelle que la médiane des corrections sur les marchés lors des récessions a été de 23,9%.
Le marché a commencé à intégrer un scénario de récession provoqué notamment par un resserrement monétaire agressif de la Fed face à l’inflation. Cette incertitude s’ajoute à celle sur l’économie chinoise et sur la guerre en Ukraine. Alors que les marchés actions ont poursuivi leur baisse, l’indice S&P 500 a enregistré, la semaine passée, sa septième baisse hebdomadaire d’affilée, une série assez rare qui ne lui était pas arrivée depuis 2001, les rendements des emprunts d’Etat se sont détendus, signe de la prise en compte par le marché de ce risque macroéconomique.
Les stratégistes de Morgan Stanley estiment également que le marché n’a pas atteint son point bas, contrairement à bon nombre d’autres banques d’investissement. Le fait que le marché soit désormais très pessimiste (bearish) n’est pas un argument suffisant pour décréter la fin de la correction car les risques sur la croissance économique mondiale sont à peine en train d’émerger.
Ce sentiment négatif est confirmé par la dernière enquête de Bank of America auprès des investisseurs, qui placent la récession comme principal risque sur les marchés. Morgan Stanley anticipe une baisse de 13% du S&P 500, à 3.400 points d’ici à la fin de la publication des résultats du deuxième trimestre.
Les investisseurs les plus pessimistes interrogés par Bloomberg voient même l’indice tomber à 2.240 points, son plus bas de mars 2020, soit une baisse de 53%. Une telle chute ne serait pas irréaliste, selon Véronique Riches-Flores, économiste indépendante chez RF Research : «Cela correspond au retour des indices mondiaux dans leur tendance de long terme, pas en haut de cette borne, mais en bas, voire ponctuellement au-delà.» Une telle correction gommerait les excès de valorisation par rapport à la croissance du PIB nominal dans un environnement monétaire moins porteur, et tout dépendra du rythme de la normalisation.
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