
Les Etats-Unis ont l’occasion de renforcer leur pression sur la Chine

La Chine va-t-elle revenir dans le viseur des Etats-Unis en tant que manipulateur de change? C’est en tous cas ce que suggèrent les rumeurs récentes alimentées par le nouvel accès de faiblesse du yuan, avant la publication du rapport américain «macroéconomique et de politique extérieure de change des principaux partenaires des Etats-Unis», prévue avant la fin du mois. Bloomberg indiquait ainsi hier que les autorités américaines voient d’un mauvais œil la dépréciation du yuan d’environ 10% face au dollar depuis février, alors que les devises du G10 ont cédé 7% en moyenne. Des prévisions voient la devise chinoise franchir le seuil symbolique de 7 face au dollar, qui correspondrait à un recul supplémentaire de 1%.
Les conditions à remplir pour que le Trésor désigne un pays comme manipulateur de change sont qu’il dégage un excédent commercial avec les Etats-Unis, d’au moins 20 milliards de dollars, mais aussi un excédent courant d’au moins 3% de son PIB et qu’il intervienne régulièrement sur les changes dans le même sens, dans une ampleur d’au moins 2 points de PIB sur 12 mois. Si la Chine répond au premier critère malgré les mesures tarifaires mises en place par Washington, elle n’a pas dégagé un excédent courant supérieur à 3% du PIB depuis 2010, et le FMI anticipe qu’il se réduira à un niveau presque nul à horizon 2023. En outre, «les interventions sur le change ont été limitées ces deux dernières années, et elles ont été le plus souvent destinées à renforcer le yuan, plutôt qu’à l’affaiblir», relève Citigroup.
Comme souvent avant la publication du rapport, la PBoC a opportunément relevé le fixing du yuan, et freiné les pressions vendeuses. La baisse du ratio des réserves obligatoires des banques, de 100 pb, avait envoyé un signal d’assouplissement monétaire face au ralentissement de l’activité en Chine, alors que les autres banques centrales sont en phase de resserrement.
Le Trésor peut faire appel à la Section 3.004, qui mentionne des critères plus vagues sur les excédents commerciaux et courants des pays ciblés, pour enclencher une procédure contre la Chine. Elle ouvrirait une phase d’un an au cours de laquelle le pays devrait réaliser des réajustements pour corriger ses déséquilibres, et serait sous la menace de sanctions, qui s’ajouteraient ainsi aux droits de douane déjà mis en place par Washington.
Plus d'articles du même thème
-
La Chine riposte aux Etats-Unis et donne un nouveau coup de massue aux marchés
Les actions européennes plongent de nouveau après que Pékin a dévoilé une série de mesures en réponse aux droits de douane américains. -
La Chine cherche la bonne réponse à la guerre commerciale
Le gouvernement chinois s’est pour l’instant contenté de mots, et défend encore la valeur de sa devise. Pékin s'est aussi rapproché de Séoul et Tokyo. -
Washington applique à ses partenaires commerciaux un calcul simpliste
Les Etats-Unis ont annoncé l’application de droits de douane particulièrement élevés contre la plupart des pays du monde. Présentés comme «réciproques», ces «tariffs» découlent en réalité de l’application d’une formule mathématique basique.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions