
Les Etats-Unis libèrent des réserves de pétrole sans faire baisser les prix

La mesure a beau être inédite et spectaculaire elle n’a pas atteint son but. Les États-Unis ont annoncé mardi qu’ils allaient libérer 50 millions de barils de pétrole de leurs réserves stratégiques, en coordination avec la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, le Japon et la Grande-Bretagne, pour tenter de faire baisser les prix. En vain. Après un repli initial, les contrats à terme sur le Brent et le WTI sont repartis à la hausse, le premier repassant au-dessus de 80 dollars le baril.
C’est la première fois que Washington coordonne une telle action avec certains des plus grands consommateurs de pétrole du monde. Historiquement, les États-Unis travaillaient sur de telles coordinations avec l’Agence internationale de l'énergie (AIE), qui représente 30 nations industrialisées consommatrices d'énergie.
Si la coalition organisée par les Etats-Unis est plus large qu’attendu, avec la participation du Royaume-Uni, cette décision coordonnée avait été largement anticipée par les marchés ces derniers jours à la suite de déclarations de plusieurs officiels.
La libération de la réserve stratégique de pétrole des États-Unis prendrait la forme d’un prêt et d’une vente à des entreprises, ont indiqué des responsables américains. Le prêt de 32 millions de barils se fera au cours des prochains mois, tandis que l’administration accélérera la libération de 18 millions de barils dans le cadre de ventes directes déjà approuvées par le Congrès pour des raisons budgétaires.
Le marché pas impressionné
L’Inde a déclaré dans un communiqué qu’elle libérerait 5 millions de barils, tandis que la Grande-Bretagne va autoriser la libération volontaire de 1,5 million de barils de pétrole provenant de réserves privées. La Corée du Sud dévoilera le montant et le calendrier de la libération de ses réserves dans les prochains jours. De même, le Japon annoncera ses plans demain mercredi. L’ampleur de l’intervention chinoise n’est pas encore connue, la Chine ne publiant pas de chiffres officiels sur la taille de ses réserves.
« Le marché n’est pas impressionné par l’annonce de l’administration Biden... car la majeure partie de la libération est en fait un prêt au marché et le volume qui va être vendu a déjà été approuvé par le Congrès dans le cadre de la législation sur la réduction du déficit », explique Andrew Lipow, président de Lipow Oil Associates. « Les libérations de réserves sont un outil utilisé pour couvrir les perturbations temporaires de production mais ne sont pas utiles pour corriger les déséquilibres causés par le manque d’investissements et une demande toujours croissante », appuie Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.
Les ventes directes de réserves par les Etats-Unis sont peu courantes. Les présidents américains ont autorisé des ventes d’urgence à trois reprises, la dernière fois en 2011 lors de la guerre en Libye, pays membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Des ventes ont également eu lieu pendant la guerre du Golfe en 1991 et après l’ouragan Katrina en 2005.
L’Opep se réunit le 2 décembre
Le président américain Joe Biden, confronté à une faible cote de popularité dans un contexte d’inflation croissante à l’approche des élections législatives de l’année prochaine, a demandé à plusieurs reprises à l’Opep et à ses alliés, qui forment l’Opep+, de produire davantage de pétrole pour mettre un terme à la flambée des prix, en hausse de 50% depuis le début de l’année, dans un contexte de reprise économique mondiale.
Mais le cartel a rejeté ses demandes. L’Opep se réunit à nouveau le 2 décembre pour discuter de sa politique, mais rien n’indique jusqu'à présent qu’elle va changer d’orientation.
« Nous continuerons à discuter avec nos partenaires internationaux sur cette question. Le président est prêt à prendre des mesures supplémentaires si nécessaire, et il est prêt à utiliser tous ses pouvoirs en travaillant en coordination avec le reste du monde », a déclaré un haut responsable de l’administration américaine.
Suhail Al-Mazrouei, ministre de l'énergie des Émirats arabes unis, l’un des plus grands producteurs de l’Opep, a déclaré avant l’annonce américaine qu’il ne voyait « aucune logique » à ce que son pays augmente son offre de pétrole.
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