
Les Etats-Unis font durer le suspense électoral

Clap de fin de l’élection présidentielle américaine, les sénatoriales organisées hier, mardi, en Géorgie afin d’attribuer les deux derniers sièges vacants alimentent les interrogations des investisseurs. Ce scrutin crucial, dont les résultats étaient serrés plusieurs heures après le début du dépouillement, détermineront si Joe Biden, le président élu, aura les coudées franches pour mener sa politique ou s’il devra composer avec un Sénat républicain, sachant que les démocrates ont déjà la majorité à la Chambre des représentants. Les deux sièges de sénateurs non attribués en novembre (aucun candidat n’ayant obtenu 50%) feront basculer le Sénat dans un camp ou dans l’autre, avec un effet sur la politique du Président. Et un impact potentiel sur les marchés, comme le montre l'évolution récente de plusieurs indicateurs.
Ce mercredi matin, les résultats officiels n’étaient pas encore connus, les candidats étant au coude-à-coude. Une partie des scrutins des zones urbaines, dont Atlanta, la capitale de la Géorgie, plutôt favorables aux démocrates, n’avaient pas encore été totalement dépouillés. Et les résultats pourraient ne pas être officialisés rapidement, dans un contexte politique toujours très tendu depuis l’élection présidentielle. Les trois millions de votes par correspondance n’ont commencé à être dépouillés qu’une fois le scrutin ouvert. Par ailleurs, les votes des militaires et des électeurs vivant à l’étranger pourront être réceptionnés jusqu’à vendredi.
Écart très serré à la présidentielle
Le scrutin oppose les sénateurs républicains sortants Kelly Loeffler et David Perdue aux démocrates Raphael Warnock et Jon Ossoff, dans un Etat où Joe Biden a créé la surprise en novembre en devançant Donald Trump lors de l’élection présidentielle, une première en près de trois décennies.
Les derniers sondages donnaient la victoire aux deux candidats démocrates même si l’écart avec les deux sortants républicains s’est réduit au cours des 24 dernières heures. L’avance moyenne est de 1,8 et 2 points dans chacun des scrutins, selon le site FiveThirtyEight. Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank, rappelle que l’avance de Joe Biden était de 1,2 point face à Donald Trump avant l’élection. Des marges très réduites. Il existe également une possibilité de recomptage. Selon la législation de l’Etat de Géorgie, si la marge entre les voix des candidats est inférieure à 0,5%, le candidat perdant a le droit de demander un nouveau décompte. «La Géorgie a été l’un des derniers Etats à avoir proclamé les résultats après l’élection présidentielle de novembre, et celui avec la marge la plus proche entre les deux candidats, Joe Biden ayant gagné avec seulement 0,2% d’avance sur Donald Trump après un recomptage complet. Donc quelques grandes journées nous attendent», rappelle Jim Reid.
Nouveau plan de relance
Une victoire double démocrate «signifierait que le scénario de la vague bleue, où les démocrates contrôlent la présidence et les deux chambres du congrès, deviendrait réalité et donc qu’un autre important plan de relance budgétaire deviendrait probable, ainsi qu’un certain nombre d’autres priorités de Joe Biden, telles que les augmentations d’impôts», explique le stratégiste chez Deutsche Bank. Cela diviserait le Sénat en deux, avec 50 sièges pour chaque camp, mais la vice-présidente élue Kamala Harris aurait le dernier mot pour trancher en cas d’égalité, donnant de facto la majorité aux démocrates au Congrès.
«Davantage de relance budgétaire signifiera une croissance plus élevée, mais peut-être moins de relance monétaire, prévient Jim Reid. Des rendements plus élevés seraient également défavorables. Une victoire démocrate pourrait également signifier une réglementation plus importante et éventuellement des taxes plus élevées pour les plus grandes entreprises américaines (en particulier dans le secteur de la technologie).»
Mais, pour certains, ces mesures ne seront pas la priorité de Joe Biden, qui a déclaré, lundi, lors d’un événement à Atlanta qu’une victoire démocrate garantirait une aide directe de 2.000 dollars aux ménages américains. «Les mesures susceptibles de freiner la croissance et la confiance, telles que les augmentations d’impôts ou davantage de régulation pour les entreprises, ne devraient être discutées que les années suivantes», estime-t-on chez ING.
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