
Les engagements climatiques de Total sèment le doute

Alors que l’assemblée générale (AG) de Total aura lieu demain vendredi, le scepticisme de certains investisseurs reste perceptible à propos des actions menées par le pétrolier français pour lutter contre le réchauffement climatique. Début mai, il a annoncé un plan destiné à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, suite à un projet de résolution déposé en avril par 11 investisseurs institutionnels. Ces derniers lui demandaient d’adopter une stratégie de décarbonation comprenant des engagements détaillés dans le temps.
Tout en saluant les initiatives prises depuis lors par le groupe d’hydrocarbures, ces investisseurs ont maintenu leur résolution climat, qui sera soumise au vote des actionnaires, même si elle a peu de chance d’être adoptée. Selon les informations du site Climatico, BNP Paribas AM, partenaire historique et actionnaire de Total, a décidé de s’abstenir plutôt que de voter contre cette résolution. La position des autres grands investisseurs français demeure inconnue, mais le fonds de pension britannique Nest a été plus clair, annonçant la semaine dernière qu’il voterait en faveur de cette motion.
Pour Lucie Pinson, fondatrice de l’ONG Reclaim Finance, «voter contre la résolution revient à dire que Total en fait assez pour le climat, une position difficilement justifiable étant donné l’absence d’engagements à court et moyen termes de réduction absolue des émissions du groupe pétrolier. Voter pour revient à reconnaître l’urgence à infléchir la stratégie de développement de Total de manière à protéger autant les intérêts de l’humanité que ceux du groupe et de ses actionnaires. S’abstenir est une manière de ne pas désavouer le groupe frontalement, tout en signalant que le compte n’y est pas et que Total doit se remettre au travail.»
Par ailleurs, le pétrolier a maintenu son dividende, expliquant qu’il ne solliciterait aucune aide de l’Etat français dans le contexte de crise liée au Covid-19. S’il n’a pas eu recours aux dispositifs destinés à soutenir sa trésorerie ou à des mesures de chômage partiel, il a bénéficié, comme plusieurs dizaines de grandes entreprises européennes, d’une aide indirecte grâce au programme d’achat d’obligations (quantitative easing) de la Banque centrale européenne (BCE). L’organisation espagnole ODG précise que la BCE a acheté depuis fin mars quatre souches obligataires émises par le pétrolier français. Or, ces financements ne sont soumis à aucune contrepartie en matière sociale, environnementale ou climatique.
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