Les élections en Allemagne laissent peu de perspectives de changement

La recherche probable d’une coalition à trois gommera les différences de programmes pour revenir à des compromis.
Fabrice Anselmi
bundestag berlin
Les électeurs allemands votent, dimanche 26 septembre, pour renouveler les membres du Bundestag.  -  Photo European Union EC.

Les enjeux autour des élections législatives en Allemagne, dimanche, devraient être en théorie considérables, tant pour le pays que pour l’Union européenne (UE), qui pourrait profiter de sa bonne gestion de la crise sanitaire pour refaire une partie de son retard économique sur la Chine et les Etats-Unis. Mais les résultats attendus donnent, en pratique, assez peu d’espoirs de changements, après seize ans de compromis savamment trouvés par Angela Merkel.

Si le Parti social-démocrate (SPD, désormais à 25,4% des intentions de vote) est passé depuis août devant les démocrates-chrétiens (CDU/CSU, à 21,4%), ce ne sera pas suffisant pour gouverner sans une coalition que les deux partis ne veulent plus former ensemble. S’il l’emporte, le SPD du candidat Olaf Scholz s’orienterait donc plutôt vers une alliance avec les Verts (15,9%), mais au terme d’une longue négociation, qui inclurait probablement un troisième soutien, potentiellement le Parti libéral (FDP, 11,5%). Du fait des alliances nécessaires et d’un scrutin particulier à deux votes qui rend les sondages assez peu prédictifs en Allemagne, le candidat CDU-CSU Armin Laschet peut encore devenir le prochain chancelier malgré sa communication désastreuse autour des inondations en juillet.

Dans ce dernier cas, le successeur mollement désigné d’Angela Merkel assurerait probablement une certaine continuité, à ceci près qu’il s’est exprimé tout au long de la campagne pour un retour rapide au pacte européen de stabilité et contre une prolongation du plan de relance NextGen EU au-delà de 2028 - contrairement à Olaf Scholz. Il s’oppose aussi à l’Union bancaire alors qu’il est favorable à une Union de la défense.

Le climat capital

Dans les autres cas d’alliance élargie autour du pôle SPD-Verts, aucun parti ne semble vraiment remettre en cause la règle budgétaire qui interdit le déficit structurel (Schwarze Null). Des efforts seront enclenchés, par exemple via des fonds hors bilan, «pour diversifier l’économie, trop dépendante des exportations (vers la Chine notamment) et de l’industrie (automobile)», indique Bruno Cavalier chez Oddo BHF. Une coalition marquée à gauche soutiendrait aussi une Allemagne et une UE plus sociales, avec plus d’impôts sur les ménages aisés, une réforme des retraites différente et une augmentation du Smic horaire de 9 à 12 euros. Elle augmenterait les investissements publics pour relever le potentiel de croissance et surtout pour lutter contre le changement climatique, point capital que les Verts souhaitent particulièrement accélérer s’il sont en position de peser dans les débats.

Mais la recherche d’une coalition devrait prendre beaucoup de temps, sans doute plus que les deux mois prévus, ce qui inquiète particulièrement les marchés et les partenaires européens en cette période cruciale. Surtout, «cette phase de négociations nécessite un accord de coalition, avec des concessions et des programmes écrits validés par les partis», rappelle Paul Maurice, chercheur spécialiste de l’Allemagne à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Un processus qui devrait aboutir à gommer les différences entre eux pour se concentrer sur les plus petits dénominateurs communs, avec une forme d’immobilisme sur de nombreux dossiers.

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Plusieurs pays plaident pour une r\u00e9vision du pacte de stabilit\u00e9 qui r\u00e9git la zone euro (suspendu jusqu\u2019\u00e0 2023) et qui pr\u00e9voit de respecter un maximum de 3% de d\u00e9ficit structurel\/PIB et de 60% de dette\/PIB... Des r\u00e8gles bien ambitieuses quand la plupart des Etats d\u00e9passent largement 100% de dette\/PIB, \u00e0 cause d\u2019une croissance frein\u00e9e depuis au moins dix ans par le premier crit\u00e8re. En Allemagne, le ministre des Finances et candidat pour le Parti social-d\u00e9mocrate (SPD) Olaf Scholz a r\u00e9affirm\u00e9 sa volont\u00e9 de pr\u00e9server les r\u00e8gles actuelles, avec la flexibilit\u00e9 offerte en cas de crise. D\u2019autres voix, pas tellement plus \u00e0 gauche, sugg\u00e8rent, pour permettre la transition \u00e9cologique dont l\u2019institut Bruegel \u00e9value le co\u00fbt annuel proche de 1% du PIB<\/a>, de sortir du calcul les investissements publics \u00abverts\u00bb. Mais une coalition du SPD qui m\u00e8nerait au minist\u00e8re des Finances le leader du FDP Christian Lindner couperait court \u00e0 cette id\u00e9e\u2026<\/p>\n»,"format":"light_html"}}

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