Les Bourses européennes chutent, minées par la crise en Ukraine

Valérie Venck, Alice Doré et Julien Marion, Agefi-Dow Jones
La crise entre la Russie et l’Ukraine a fait plonger les marchés. «L'impact économique considéré du point de vue étroit de la zone euro devrait être relativement limité», assure Mario Draghi, président de la BCE. Photo Bloomberg.
La crise entre la Russie et l’Ukraine a fait plonger les marchés. «L'impact économique considéré du point de vue étroit de la zone euro devrait être relativement limité», assure Mario Draghi, président de la BCE. Photo Bloomberg.  - 

Les marchés financiers chutent lundi, plombés par l’escalade des tensions géopolitiques entre l’Ukraine et ses alliés occidentaux, d’une part, et la Russie, d’autre part.

Vers 12h00, l’indice Stoxx Europe 600 cédait 2,4%, à 458,4 points. A Paris, le CAC 40 et le SBF 120 perdaient respectivement 3,2% et 3,1%. A Francfort, le DAX 40 reculait de 3%, tandis que le FTSE 100, à Londres abandonnait 2%. A Moscou, l’indice RTS cédait 4,5%.

En cas de conflit armé, «l’Union européenne subirait [...] des conséquences considérables, étant donné que l'énergie russe représente près de 40% de ses importations de gaz et 30% de ses importations de pétrole», souligne la banque suisse UBS dans une note de recherche.

En Asie, les marchés d’actions ont également terminé en net repli lundi. L’indice Nikkei 225 de la Bourse de Tokyo a perdu 2,2%. L’indice Shanghai Composite a cédé 1% et le Hang Seng de la Bourse de Hong Kong a reculé de 1,4%.

Parallèlement, les contrats à terme sur les principaux indices actions américains laissent attendre une ouverture dans le rouge à Wall Street lundi après-midi. Le contrat sur l’indice Dow Jones recule de 0,7%, celui de S&P 500 perd 0,8% et celui sur le Nasdaq 100 abandonne 1%.

«Une très très grave menace pour la paix»

Au cours du week-end, les tensions diplomatiques sont montées de plusieurs crans, les Occidentaux redoutant une invasion imminente de l’Ukraine par la Russie qui a stationné plus de 100.000 soldats à la frontière. Le président des Etats-Unis, Joe Biden, a déclaré dimanche à son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, que Washington et ses alliés réagiraient rapidement à une agression contre l’Ukraine, a indiqué la Maison-Blanche.

Joe Biden avait auparavant mis en garde son homologue russe, Vladimir Poutine, contre les coûts «rapides et sévères» qu’entraînerait une action militaire de la Russie. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, se rend ce lundi à Kiev puis mardi à Moscou pour tenter de désamorcer le risque d’un conflit armé.

Peu avant son départ pour Kiev, le chancelier a publié un message sur Twitter indiquant que l’Allemagne attend «des signes urgents de désescalade de la part de Moscou» et qu’une «nouvelle agression militaire aurait de très graves conséquences pour la Russie».

«Nous sommes confrontés à une très, très grave menace pour la paix en Europe», a-t-il ajouté, se disant en «total accord» avec les alliés de l’Allemagne sur ce point.

Risques pour les prix du carburant et les approvisionnements

«La crainte d’une invasion imminente de l’Ukraine par la Russie a déclenché une forte volatilité sur les marchés, les investisseurs s’attendant à ce qu’un conflit entraîne une hausse des prix du carburant et de nouveaux problèmes d’approvisionnement», commente Naeem Aslam, analyste chez AvaTrade.

Les cours du pétrole évoluent ainsi à leurs plus hauts niveaux depuis 2014. Si les troupes russes venaient à entrer en Ukraine, le baril de Brent n’aurait aucune difficulté à franchir la barre des 100 dollars, estime Oanda. Le contrat d’avril sur le Brent de mer du Nord gagne 16 cents, à 94,60 dollars le baril, tandis que le contrat de mars sur le brut léger doux (WTI) coté au Nymex avance de 23 cents, à 93,33 dollars le baril.

La Russie est l’un des plus gros producteurs de pétrole au monde et toute intervention militaire qui perturberait l’approvisionnement pourrait provoquer une onde de choc sur les marchés de l'énergie et pour l’industrie mondiale, préviennent les analystes.

Le tourisme et l’aérien à nouveau dans la tourmente

La crainte d’un conflit armé a par ailleurs conduit à l’annulation de vols vers l’Ukraine, dont ceux de la compagnie aérienne néerlandaise KLM. La filiale d’Air France-KLM a annoncé samedi qu’elle suspendait ses vols à destination de l’Ukraine et ne survolerait plus le pays jusqu'à nouvel ordre.

Les valeurs du tourisme et des transports, déjà lourdement touchées par la crise sanitaire depuis deux ans, accusent le coup en Bourse lundi. A Paris, l’action Air France-KLM perd 5,1%, ADP et Accor cèdent 3,2% chacun. A Londres, IAG abandonne 6,2%, et easyJet recule de 3,3%. A Dublin, Ryanair perd 3,6%, tandis que Lufthansa chute de 5,2% à Francfort.

Par ailleurs, le rendement du Bund allemand de même échéance, qui avait bondi la semaine dernière sous l’effet des anticipations de resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne, a repris le chemin de la baisse, s’inscrivant à 0,203%, contre 0,299% vendredi soir.

Sur le marché des changes, le dollar gagne 0,3% face au rouble russe et à l’euro. Le billet vert recule toutefois d’autant face au yen, considéré comme une valeur refuge.

Selon la banque MUFG, le phénomène d’aversion au risque constaté sur le marché des changes depuis vendredi constitue une réponse typique à ce type de tensions géopolitiques et permet d’anticiper la réaction des marchés en cas d’attaque russe en Ukraine.

Un évènement L’AGEFI

Plus d'articles du même thème

ETF à la Une

Contenu de nos partenaires

A lire sur ...