
Les banques européennes anticipent la remontée des taux

Le succès de la dernière TLTRO indique que les banques européennes craignent une remontée des taux de la BCE plus rapide qu’anticipé. Elles ont répondu en masse en souscrivant hier à hauteur de 233,5 milliards d’euros, soit près du double de la prévision du consensus, à la dernière occasion qui leur était offerte de sécuriser des financements entre 0% et -0,40% sur 4 ans.
Si la répartition par pays n’est pas connue, sur les 474 banques participantes, UniCredit a indiqué avoir pris 25 des 52 milliards accaparés par les banques italiennes, confirmant ainsi l’appétit des pays périphériques manifesté lors des précédentes opérations. «Le bénéfice lié au taux très faible de ces opérations est d’autant plus fort que le coût de financement des banques est élevé», explique Louis Harreau, économiste chez CA CIB.
L’utilisation totale des TLTRO a atteint 740 milliards d’euros, dont 401 milliards issus de la première série, sur 1.600 milliards potentiellement utilisables compte tenu du plafond de 30% du portefeuille de prêts de chaque banque fixé par la BCE. Dans la mesure où le montant de TLTRO souscrit doit être utilisé en distribution de crédit à l’économie réelle pour bénéficier des meilleurs taux, ces opérations «ont apporté une sérieuse contribution à l’amélioration des perspectives économiques, à la baisse des coûts de financement des banques, à tempérer les effets néfastes des taux négatifs et à l’amélioration de l’offre de crédit. Nous estimons qu’elles devraient permettre de relever l’inflation en zone euro de 0,3 point à horizon 2 ans», estime même Frederik Ducrozet, économiste chez Pictet.
«Au vu de ce succès, la BCE pourrait envisager une nouvelle série – tout particulièrement lorsque ses autres outils toucheront à leur fin (QE et taux bas) – et plus encore si l’annonce, puis la mise en place du tapering entraîne certaines tensions sur les marchés de taux (souverains comme privés)», estime Louis Harreau. D’autant que, si les prêts aux entreprises se sont stabilisés depuis 2015, «les banques ne sont pas incitées à accroître leurs prêts à cause de leurs faibles résultats, plus fortement touchés par les taux courts négatifs que par les rendements longs», indique Algebris.
Depuis le durcissement de ton de la BCE le 9 mars et le débat sur un éventuel relèvement de taux, le taux de swap inflation 5 ans dans 5 ans a en outre reculé de 10 pb à 1,62%, un niveau inférieur de 18 pb à celui de fin janvier.
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