
- Japon
- Tribune
Les actions japonaises limitent les dégâts d’un été tumultueux

Au début du mois d’août, la plus forte chute du Nikkei 225 en une journée depuis 1987 a effacé les gains récents, l’indice chutant de plus de 12 %. Une bonne partie a toutefois été récupérée depuis. Cette chute est intervenue plusieurs mois après que l’indice a franchi pour la première fois le seuil des 40 000 points, en partie grâce à l’essor de l’intelligence artificielle, qui a fait grimper les valeurs technologiques japonaises. Cependant, au début de l’été, plusieurs indicateurs ont conduit les marchés mondiaux - et les actions japonaises en particulier - à réagir fortement, entraînant ce plongeon historique.
Une réaction excessive ?
La récente fuite des investisseurs du Japon peut être attribuée à plusieurs facteurs : les craintes d’une récession aux États-Unis, motivées en partie par l’affaiblissement des chiffres du marché du travail, la hausse des taux de la Banque du Japon (BoJ) et les implications potentielles de cette hausse pour les opérations de portage sur le yen. Toutefois, sur chacun de ces points, il semble que les inquiétudes des investisseurs soient probablement excessives.
Tout d’abord, en ce qui concerne l'évolution de l'économie américaine, les craintes de récession se sont largement apaisées et il existe un consensus général sur le fait qu’un atterrissage en douceur (soft landing) est l’issue la plus probable. En effet, l’inflation s'étant ralentie en juillet, les perspectives du PIB pour le deuxième trimestre sont positives et le marché de l’emploi semble avoir atteint un meilleur équilibre. On s’attend désormais à ce que la Fed soit en mesure de maîtriser l’inflation sans plonger la première économie mondiale dans la récession.
Ensuite, malgré la récente hausse, la BoJ reste favorable aux marchés et à l'économie, et l’augmentation des taux ne doit pas être considérée comme un changement de position. En effet, la banque a depuis indiqué qu’elle adopterait une approche plus prudente en ce qui concerne les hausses de taux, les analystes suggérant que seuls 25 points de base supplémentaires sont à envisager cette année, au lieu des 50 points de base précédemment prévus.
Enfin, l’assouplissement de la position de la BoJ sur les futures hausses de taux a dissipé une partie de l’angoisse immédiate du marché quant à l’avenir des opérations de portage sur le yen. L’accumulation des positions de carry trade a entraîné une dépréciation excessive du yen, ce qui s’est traduit par un sentiment défavorable à l'égard de la consommation intérieure des ménages. Un yen plus modéré est bénéfique à la fois pour les exportateurs japonais et pour la consommation privée.
Perspectives positives pour le reste de l’année 2024
Pour le reste de l’année 2024, les perspectives de l'économie japonaise sont positives. Les problèmes récents dans le secteur de la production automobile sont en train d'être résolus, ce qui pourrait donner un coup de pouce bien nécessaire à la production industrielle, tandis que les dépenses d’investissement prévues restent élevées - en particulier en ce qui concerne la digitalisation et l'économie de main-d'œuvre - passant d’une croissance élevée à un chiffre à une croissance à deux chiffres.
En outre, le passage d’un yen excessivement faible à un yen légèrement fort aura notamment pour effet de réduire l’inflation liée à la poussée des coûts. Ce phénomène, combiné aux hausses de salaires d’environ 5 % attendues au second semestre, devrait entraîner une augmentation du revenu réel des ménages et une hausse de la consommation privée.
La BoJ semble donc avoir pris en compte les réactions du marché à ses récentes mesures et signale une approche plus prudente en matière de relèvement des taux à l’avenir. En effet, le consensus précédent selon lequel la prochaine hausse de taux - de 25 à 50 points de base - interviendrait en octobre a été dépassé par l’opinion selon laquelle elle aurait lieu au début de l’année prochaine.
Malgré ces perspectives positives, plusieurs risques potentiels doivent être pris en compte. La situation politique japonaise est actuellement dans un état d’incertitude inattendu et il reste à voir si les changements de politique auront un impact sur les perspectives de l'économie. En outre, le secteur de l’immobilier commercial doit être surveillé de près pour détecter tout problème potentiel, tandis que la possibilité d’une contagion en provenance de Chine - où de graves problèmes structurels sont en cours de résolution - ne doit pas être complètement écartée.
Les investisseurs devraient rester optimistes face à l'évolution rapide à court terme des actions japonaises
Préoccupations des investisseurs
Pour les investisseurs en actions, les récents développements au Japon ne devraient pas être synonymes de changements rapides et significatifs. Des positions diversifiées doivent être maintenues pour maîtriser la volatilité potentielle, tandis que les titres qui bénéficient d’un yen plus fort peuvent être ajoutés à un portefeuille équilibré. De même, la prise de bénéfices sur les exportateurs - qui ont bénéficié de la faiblesse de la monnaie - devrait également être envisagée.
Dans l’ensemble, les investisseurs devraient rester optimistes face à l'évolution rapide à court terme des actions japonaises. Une grande partie des pertes du mois d’août a déjà été récupérée et les perspectives pour l'économie japonaise restent positives.
Plus d'articles du même thème
-
Le choc des droits de douane est aussi fortement ressenti au Japon
Le Topix a perdu quasiment 10% en une semaine. Les investisseurs se réfugient dans le souverain local, dont le rendement a reculé de 30 points de base sur la même période. -
Les droits de douane de Donald Trump assomment les économies asiatiques
L’usine du monde est particulièrement affectée par la méthode de calcul du président américain. -
La Banque du Japon prend acte du risque Trump
Le gouverneur Kazuo Ueda a expliqué, lors de la dernière réunion de politique monétaire, que son institution rencontrait des difficultés pour estimer l’effet de la guerre commerciale sur l’économie japonaise.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions