
L’épargne des ménages se porte massivement sur les placements liquides

La crise du coronavirus a suscité des vocations d’investisseurs en actions chez les particuliers. Elle provoque plus largement un gonflement et une déformation spectaculaires de l'épargne des ménages. Si les placements liquides et la détention d’actions en direct en ont profité, tel n’est pas le cas de tous les produits, comme le montre la décollecte de l’assurance vie au mois de mars.
La Banque de France a livré mercredi son analyse macroéconomique du phénomène. Les flux nets d'épargne des ménages «ont été en mars beaucoup plus élevés que leur tendance antérieure, de l’ordre d’une quinzaine de milliards de d’euros», indique l’institution. Ceci est «cohérent avec une montée de l’épargne ‘forcée’ liée aux restrictions sur la consommation induites par les mesures de confinement, associée à de possibles comportements de thésaurisation.»
Triplement des dépôts bancaires
Ces flux s’entendent comme le solde entre les flux de placements et de dettes. En mars, les flux nets de crédit se sont taris (-0,4 milliard), car les ménages ont remboursé leurs crédits à la consommation sans en souscrire de nouveaux, et les crédits nets à l’habitat ont été divisés par 5,6. Dans le même temps, les dépôts bancaires se sont envolés de 19,6 milliards, plus du triple de leur moyenne mensuelle. La Banque de France estime cependant que les ménages ont été vendeurs nets de placements financiers non bancaires en pleine panique boursière, même si les données de mars ne sont pas encore disponibles.
Cette hypothèse est confortée par les 2,2 milliards d’euros de sorties nettes pour les contrats d’assurance vie en mars. Il s’agit de la plus forte décollecte mensuelle depuis décembre 2011, autre période de tension, selon les statistiques de la Fédération française de l’assurance. Cette contre-performance est autant imputable à la baisse des versements sur les contrats qu'à une hausse des retraits. «Les commerçants, les artisans et les professions libérales qui sont, en moyenne, bien équipés en contrats d’assurance vie, ne peuvent plus, pour un grand nombre d’entre eux, exercer leur métier et doivent faire face à des pertes de revenus», rappelle Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Epargne. En raison du confinement, beaucoup d’agences étaient aussi fermées. «Pour de gros versements en assurance vie, les clients préfèrent toujours le contact physique à internet», indique un assureur.
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