
L’entame des négociations sur le Brexit ne lève aucune hypothèque

Les discussions sur le Brexit vont pouvoir démarrer, après neuf mois de tergiversations. L’ambassadeur britannique auprès de l’Union européenne (UE) a remis hier au président du Conseil européen Donald Tusk la lettre de notification de la Première ministre Theresa May, qui déclenche la procédure de sortie du Royaume-Uni. Ce document ouvre une période de négociations de deux ans, qui devront fixer les modalités du Brexit.
Dans sa lettre, Theresa May envisage toutes les pistes, même si elle indique que l’obtention d’un accord avec Bruxelles a sa préférence. «Nous jugeons nécessaire de nous entendre sur les conditions de notre futur partenariat, ainsi que sur celles de notre retrait de l’UE. [...] Si, malgré tout, nous quittions l’Union européenne sans accord, nous devrions commercer, par défaut, sous le régime de l’Organisation mondiale du commerce», indique-t-elle.
Les dirigeants de l’UE ont répété qu’ils ne souhaitaient pas punir le Royaume-Uni, alors que les décideurs économiques poussent pour que l’accord ait un effet le plus neutre possible sur l’économie européenne, mais un accord trop souple créerait un dangereux précédent.
Alors qu’il va devoir adresser aux Etats membres sous les 48 heures un projet de négociations qui sera discuté le 29 avril, Donald Tusk a évoqué des «négocations difficiles à venir». Il s’est toutefois engagé à rechercher un Brexit «ordonné» et à négocier de manière «constructive», espérant que le Royaume-Uni resterait un «partenaire privilégié». «Notre priorité sera de réduire au minimum l’incertitude provoquée par la décision du Royaume-Uni pour nos citoyens, entreprises et Etats-membres», ont déclaré les chefs de gouvernement dans une déclaration commune.
Selon un projet de lignes directrices publié par le Guardian, qui reprend en partie des thèmes déjà connus, l’UE prévoit une période de transition d’un maximum de trois ans après la clôture des négociations, «ce qui est relativement court pour négocier un accord commercial complet», estime ING, qui rappelle les sept ans nécessaires à la signature de l’accord avec le Canada. En outre, toute négociation commerciale ne pourra se faire qu’après une avancée substantielle dans les accords de retrait. Aucune exception sectorielle, y compris pour la finance, n’est par ailleurs prévue. Le projet exclut également que Londres puisse conclure des accords avec des pays hors-UE avant le Brexit.
Les déclarations de bonnes intentions ne suffiront pas à rassurer. Le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne «signifie que les marchés financiers sont susceptibles de devenir plus sensibles aux commentaires émis par des responsables [...] sur l’état d’avancement des discussions», estime Michael Metcalfe, chez State Street Global Markets. «Les lignes rouges dessinées par le projet de l’UE accroissent la probabilité d’une impasse politique dans la première phase des négociations, explique ING. Etant donné que le Royaume-Uni a le plus à perdre d’un Brexit difficile, les marchés de la livre devraient subir les premières conséquences de ce manque de clarté. Une incertitude prolongée concernant le climat des affaires outre-Manche pourrait provoquer une fuite des investissements plus durable, nécessitant un ajustement supplémentaire de la livre.»
Selon Euler Hermes, la période de négociations devrait engendrer un ralentissement de l’économie britannique, à +1,4% en 2017 et +1% en 2018.
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