
Le risque climatique pour les actifs financiers est encore mal évalué

En progrès mais peut mieux faire. Tel est le satisfecit adressé par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) aux banques et aux assureursfrançais, au titre de leur prise en compte du risque climatique, une semaine avant la publication du premier rapport annuel du Network for Greening the financial system, lancé en 2017 par la Banque de France. Près de quatre ans après l’adoption de la loi sur la transition énergétique, qui vise notamment à accroître la transparence des banques et des assureurs au sujet de leurs expositions au risque climatique, Laurent Clerc, directeur d’étude et d’analyse des risques à l’ACPR, a reconnu hier des progrès «très hétérogènes».
«Les choses avancent bien chez les très grands acteurs, c’est moins le cas parmi les petits», observe-t-il. Près de 30% des assureurs n’ont procédé à aucune identification des risques associés au changement climatique, et «cela concerne surtout les mutuelles», précise le directeur d’étude.
Les progrès varient également selon qu’il s’agit de banques ou d’assureurs. L’ACPR relève que le risque physique – par exemple l’incendie d’une entreprise cliente – est perçu comme «relativement peu matériel» par les banques. Les mesures de leurs expositions à ce risque «ne sont pas encore assez granulaires»,ajoute-t-il. Une différence avec les assureurs, qui, du fait de leur métier, ont développé des mesures «très fines» de localisation des personnes et des biens assurés.
Les assureurs ont également un temps d’avance dans la gestion du risque de transition, lié au «verdissement» brutal de l’économie qui résulterait par exemple d’une taxe énergétique, laquelle réduirait la valeur de leurs investissements dans le pétrole. L’ACPR recommande en revanche aux banques de détailler de façon plus granulaire, là encore, leurs expositions aux secteurs particulièrement émetteurs de gaz à effet de serre.
Assureurs et banques se rejoignent en revanche dans l’insuffisante prise en considération du risque de responsabilité, qui correspond aux dommages et intérêts à payer s’ils sont jugés responsables du réchauffement climatique. «Cette situation n’est pas satisfaisante», estime l’ACPR, à l’aune du nombre croissant de recours.
L’institution lancera en mai deux groupes de travail de place, l’un dédié à la gouvernance et l’autre à l’analyse de scénarios de changement climatique. Dans le même esprit, l’ACPR et les deux professions planchent sur la mise en place de stress-tests d’ici deux à trois ans.
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