
Le prix du blé profite de moissons décevantes chez les principaux exportateurs

La France n’a finalement pas entièrement échappé aux aléas climatiques qui ont pesé sur la moisson de nombreux pays producteurs de blé en Europe et autour de la mer Noire. La pluie, abondante au printemps, en particulier dans l’ouest du pays, a pesé sur les rendements, alors que les surfaces cultivées en blé tendre sont au plus bas depuis six ans. Avec 34,17 millions de tonnes (MT), selon l’estimation d’Agritel publiée hier, la moisson 2018-2019 s’avère la troisième plus faible des dix dernières années, en recul de 6,5% sur un an. De fait, «la France devrait connaître en 2018 une réduction significative de ses exportations, à 16,2 MT, contre 18,6 MT en moyenne» sur la décennie écoulée, estime Michel Portier, le directeur général d’Agritel. Mais si la quantité est décevante, grâce au temps chaud et sec de l’été «on a une qualité assez exceptionnelle cette année et cela aura un impact à l’export», ajoute-t-il.
Les céréaliers français pourront vendre d’autant plus facilement leur blé que la majorité des grands pays exportateurs ont connu des problèmes de production cette année. La Russie, qui a vu sa production bondir ces dernières années, devenue le premier exportateur mondial, devrait accuser une chute de sa production de près de 20 MT, à 67,4 MT, du fait de la sécheresse autour de la mer Noire. «Le marché mondial, devenu très dépendant du blé russe, risque d’avoir du mal à s’en passer», souligne Alexandre Boy, analyste chez Agritel. Le nord de l’Europe aussi a été touché par la sécheresse, qui a réduit la production de 22%, notamment en Allemagne, et pesé sur les exportations, estimées à un plus-bas de sept ans, à 21 MT, par Agritel. Si la situation est meilleure aux Etats-Unis, les surfaces emblavées y sont à leur plus-bas, concurrencées par les cultures plus lucratives du maïs et du soja.
La faiblesse des disponibilités en blé cette année au niveau mondial devrait permettre aux céréaliers français d’être globalement profitables. Le prix de la tonne de blé a ainsi grimpé de 26,89% depuis le début de l’année sur Euronext, passant de 154 euros à plus de 200 euros la tonne, au plus haut depuis 2014. «La position des fonds est historiquement acheteuse, ce qui devrait limiter les gains à l’avenir», prévient toutefois Alexandre Boy. En valeur, les exportations de blé français devraient ainsi bondir de 11%, à 3,2 milliards d’euros, en dépit du recul des volumes, prédit Agritel.
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