Le plan d’infrastructures risque de s’enliser aux Etats-Unis

Les sénateurs républicains ont bloqué mercredi l’accord trouvé fin juin, les discussions reprendront lundi.
Fabrice Anselmi
Golden Gate Bridge, San Francisco, Californie, USA
Ce plan d’investissement sur huit ans doit permettre de rénover les routes, ponts et autres réseaux américains.  -  crédit Christoph Partsch / Pixabay

Les sénateurs républicains ont refusé d’entamer l’examen du plan pour les infrastructures de 1.200 milliards de dollars, central dans la stratégie de Joe Biden qui s’est malgré tout dit optimiste pour la suite. Fin juin, les sénateurs démocrates s’étaient pourtant entendus avec eux autour de ce plan d’investissement sur huit ans pour rénover les routes, ponts et autres réseaux (eaux, internet…). Même s’il restait très loin de l’American Jobs Plan (AJP) annoncé le 31 mars pour plus de 2.200 milliards sur quinze ans (ramenés à 1.700 milliards fin mai), avec seulement la moitié de dépenses vraiment nouvelles, sans besoins de réelles nouvelles recettes pour les financer.

Un vote test ?

Mais comme le président démocrate avait dans la foulée annoncé vouloir passer en force un autre projet budgétaire sur les «infrastructures humaines» intégrant certaines des mesures écartées et la plupart de celles de l’AmericanFamilies Plan (AFP) présenté fin avril pour un total de 3.500 milliards, le premier dossier n’avançait plus : «Mercredi, le chef démocrate du Sénat Chuck Schumer a donc souhaité entamer le travail parlementaire pour mettre la pression sur les républicains, qui continuent à ‘jouer la montre’. Les démocrates vont peut-être leur accorder encore une semaine, mais les mettront devant le fait accompli sans avancement au-delà, et pourraient alors faire passer les deux plans via le processus de ‘rapprochement budgétaire’», analyse Thomas Costerg, économiste US chez Pictet WM.

En déplacement à Cincinnati (Ohio), Joe Biden a rappelé la «tradition» de tenir sa parole quand on signe un accord, et mis la pression sur l’opposition pour faire rénover un pont local (Brent Spence Bridge), symbole d’infrastructures américaines vieillissantes (voir encadré ci-après). Les discussions, qui devraient se poursuivre lundi, butteraient sur les moyens de financer ces dépenses, les républicains ayant rejeté le dispositif qui aurait renforcé la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale.

Sans accord, les démocrates comptent donc sur une procédure de «réconciliation» qui permet de voter des projets budgétaires à 50 voix+1 au Sénat (au lieu de 60 sur 100). Avec 50 voix+1, ils ont peu de leviers et ne pourraient se permettre aucune défection alors que les plus centristes d’entre eux restent opposés à certaines mesures, et posent la question du financement : «Ce vote risque de tomber en même temps que celui sur le budget 2022 en septembre (avant le 30) et celui sur le plafond de la dette. La grosse nouveauté serait, du côté de la Maison-Blanche, la volonté de trouver des financements : elle parle toujours de mieux contrôler la fiscalité au niveau de l’IRS, mais cela semble insuffisant sans nouveaux impôts sur les classes moyennes, ce qui serait contraire aux promesses de campagne», poursuit Thomas Costerg. L’économiste ajoute que «l’inflation en cours est devenue un sujet politique qui donne un argument aux plus conservateurs des démocrates pour limiter les dépenses».

Le risque d’un enlisement de ces plans de relance faute de fenêtres législatives augmente donc fortement. Ou du moins d’une division par deux de leur montant total. «Vu leur étalement dans le temps prévu initialement, l’effet sur la croissance à court et moyen terme serait finalement faible», conclut Thomas Costerg, qui compte sur 250 à 300 milliards de nouvelles dépenses de consommation cette année grâce aux 2.500 milliards d’épargne accumulée pendant la crise, mais ne voit pas la croissance américaine tellement au-dessus de 3% en 2022.

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\u00abLa situation des infrastructures aux Etats-Unis est dramatique<\/em>, note John Plassard, sp\u00e9cialiste en investissement chez Mirabaud. Les ing\u00e9nieurs de l\u2019American<\/a> Society of Civil Engineers<\/a> viennent de publier un rapport (avec l\u2019US Army Corps of Engineers) dans lequel ils calculent l\u2019\u00e2ge moyen des infrastructures : souvent au-dessus de la limite pr\u00e9vue pour les barrages (50 ans) et les digues (57 ans), plut\u00f4t au-dessous pour les canalisations et m\u00eame les ponts.\u00bb<\/em> Outre cette information indicative sur le moment o\u00f9 l\u2019on peut s\u2019attendre \u00e0 des r\u00e9parations ou des r\u00e9novations majeures, les notes sur leur \u00e9tat g\u00e9n\u00e9ral sont aussi d\u00e9plorables : D+ pour les a\u00e9roports, les syst\u00e8mes de d\u00e9chets dangereux, les voies navigables et les parcs publics ; D pour les routes et les barrages ; C- pour les r\u00e9seaux d\u2019eau potable\u2026<\/p>\n»,"format":"light_html"}}

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