
Le pétrole dépasse 80 dollars après des frappes anglo-américaines au Yemen

Les tensions au Moyen-Orient grimpent d’un cran supplémentaire. Vendredi, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont mené des frappes contre des positions militaires des rebelles Houtis au Yemen. Soutenus par l’Iran, ils attaquent depuis plusieurs semaines des navires en mer Rouge en soutien des Palestiniens.
Ces agressions, y compris contre des bateaux civils, perturbent fortement le trafic passant par le canal de Suez, qui compte pour environ 15% du trafic mondial. Jeudi soir, l’Autorité du canal a indiqué que ses revenus étaient en chute de 40% depuis le début de l’année.
Les frappes américaines et britanniques constituent l’une des manifestations les plus spectaculaires à ce jour de l’aggravation de la guerre entre Israël et le Hamas au Moyen-Orient depuis son déclenchement en octobre. Des témoins au Yémen ont confirmé des explosions dans tout le pays. Le président américain Joe Biden a déclaré que ces «frappes ciblées» constituaient un message clair indiquant que les États-Unis et leurs partenaires ne toléreraient pas d’attaques contre leur personnel et ne permettraient pas à des acteurs hostiles de mettre en péril la liberté de navigation. L’Australie, le Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas ont soutenu l’opération.
Hausse limitée
En réaction à ces attaques, le cours du pétrole a bondi de plus de 4% entre jeudi soir et vendredi matin, dépassant le seuil des 80 dollars qu’il n’a plus franchi durablement depuis début décembre. Selon des données de LSEG et Kpler rapportées par Reuters, au moins quatre pétroliers auraient quitté la mer Rouge après les frappes américaines et britanniques. En milieu de journée le 12 janvier, le Brent valait 80,5 dollars et le WTI américain 75 dollars.
«Je pense qu'à ce stade, il est trop tôt pour dire quel type d’impact cela aura. Les marchés adoptent une approche attentiste pour le moment, c’est pourquoi nous ne voyons pas trop de réactions», a déclaré à Reuters Khoon Goh, responsable de la recherche sur l’Asie chez ANZ à Singapour. «Si nous assistons à une escalade massive de la situation, alors la traditionnelle fuite vers la sécurité verra les bons du Trésor américain et les monnaies refuges comme le yen et le franc suisse en bénéficier.»
«Il est clair que l’attention se portera désormais sur l'éventualité d’une escalade au Moyen-Orient, mais pour l’instant, l’impact sur les prix des actifs en général s’est avéré limité, et les contrats à terme sur le S&P 500 ne sont qu’en baisse de -0,14% ce [vendredi] matin», note Jim Reid, stratégiste chez Deutsche Bank. «Néanmoins, plusieurs valeurs maritimes ont progressé en Asie, et même avant les frappes de la nuit, nous avions déjà constaté une augmentation significative des coûts de fret à la suite des attaques en mer Rouge.»
(Avec Reuters)
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