
Le Parlement européen avance sur la résolution des CCP

Avec 49 voix pour, 3 contre, et 6 abstentions, c’est à une large majorité que les eurodéputés de la Commission des affaires économiques ont approuvé hier le projet de texte sur la résolution des chambres de compensation. Celui-ci oblige chaque CCP à préparer un plan de résolution, prévoyant le scénario à suivre en cas de défaut – et surtout les acteurs forcés de mettre la main à la poche. Comme proposé par les co-rapporteurs du Parlement – la Britannique Kay Swinburne et l’Allemand Jakob von Weizsäcker –, le projet limite au maximum la possibilité d’une contribution des fonds publics.
«Dans les scénarios les plus extrêmes, les pertes seront supportées par le secteur financier – les chambres de compensation elles-mêmes, puis les membres compensateurs, et enfin les clients», a déclaré Jakob von Weizsäcker. «Cela incitera [les CCP] à mettre en place une gestion prudente du risque.»
Deux logiques différentes
C’est maintenant au tour des 28 Etats d’approuver leur version du texte, avant de lancer la dernière phase du processus législatif : la négociation d’un texte commun avec le Parlement. Mais de ce côté, le travail est encore loin d’aboutir. Les Etats membres sont d’accord sur les grandes lignes du texte depuis fin 2017 (voir ici le projet de compromis), mais ils se trouvent coincés sur plusieurs points à cause d’un autre projet législatif lié aux CCP : celui qui renforce leur supervision, et ouvre la possibilité de relocaliser dans l’UE les plus systémiques.
Les deux textes fonctionnent en effet selon deux logiques différentes : celui sur la résolution donne des responsabilités aux autorités nationales, tandis que celui sur la supervision concentre énormément de pouvoir entre les mains de la BCE et de l’Esma – donc au niveau paneuropéen. D’où un hiatus, qui «exige d’y voir plus clair sur la supervision avant d’achever le travail sur la résolution», comme le résume un lobbyiste. «Il est nécessaire de négocier [les deux dossiers] en parallèle afin de trouver des solution alignées», résume diplomatiquement un compte-rendu des négociations obtenu par L’Agefi.
Selon deux source bruxelloises, les 28 Etats ont convenu de stopper les discussions sur la résolution des CCP «au moins jusqu’au mois de mars 2018», le temps d’avancer sur le second texte. D’ici là, le Parlement attendra.
Plus d'articles du même thème
-
Le nouveau dilemme européen du déploiement de Bâle 3
Sans parler de retour en arrière ou de dérégulation, l’Europe semble désormais consciente d’être allée plus vite et plus loin que les autres juridictions en matière de règlementation bancaire. L’optimisation des règles qui restent encore à produire dans le cadre de la transposition du dernier paquet bancaire de Bâle 3 et de la mise en œuvre de la FRTB cristallise l’attention du secteur. -
Thomas Verdin (BM&A Reg Tech) : «L’application des règles de Bâle a un coût opérationnel important»
La finalisation des règles de Bâle obligera les banques, qui étaient habilitées à n’utiliser que des méthodes internes de mesure des risques, à comparer ces résultats avec une méthode dite standard, à partir de données externes. Thomas Verdin, directeur associé de BM&A Reg Tech, explique simplement quelles sont les implications opérationnelles de ces changements. -
Le Parlement européen vote un report de CSRD
Le Parlement européen a voté le report des dates d’application des nouvelles législations de l’UE sur le devoir de vigilance et la publication d’informations en matière de durabilité pour certaines entreprises.
Sujets d'actualité
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions