
Le minerai de fer bondit sur des espoirs de relance chinoise

C’est le retour de la croissance à tout prix». Pour Jessica Fung, analyste chez BMO, c’est cette lecture de l’objectif de croissance annoncé par le parti communiste chinois le week-end dernier qui explique la forte hausse du prix du minerai de fer hier. La tonne de minerai de fer livrable à Qingdao en Chine a vu son prix gagner 19% dans la seule journée d’hier pour atteindre 63,74 dollars, au plus haut depuis juin 2015. Il s’agit de la plus forte hausse journalière depuis au moins 2009, lorsque Metal Bulletin a commencé à récolter des données. En un mois, la tonne de minerai de fer a pris 30% pour s’établir à 61,35 dollars.
Pourtant, «le marché reste bien approvisionné, pour ne pas dire surapprovisionné», explique Sylvain Bertherlet, analyste gérant matières premières chez SMA Gestion. Les problèmes d’approvisionnement au Brésil ou en Australie ne sont pas d’une ampleur suffisante pour avoir modifié les fondamentaux de l’offre et de la demande par rapport au mois de janvier, lorsque la Banque Mondiale a révisé ses projections de prix pour le minerai de fer en 2016 à 42 dollars la tonne en moyenne, contre 59,50 dollars lors de ses projections d’octobre.
Marché relativement petit
«Le mouvement actuel est lié à un mouvement général sur les matières premières et au soutien de la demande chinoise», avance Sylvain Berthelet, mais les facteurs techniques et financiers peuvent expliquer l’ampleur du rebond. «Comme il s’agit de marchés relativement petits, les arbitrages financiers peuvent donner lieu à des mouvements importants», explique-t-il. «Il y a peut-être une partie de couverture de positions vendeuses sur les marchés de contrats à terme», abonde Xu Huimin, analyste chez Huatei Great Wall Futures.
Outre un objectif de croissance relativement élevé pour les cinq prochaines années, à 6,5% minimum en rythme annuel, le congrès du parti communiste chinois ce week-end a entériné la réduction des surcapacités de production dans l’acier, ce qui ouvre des perspectives plus saines. L’objectif de constructions de logements sociaux est aussi resté élevé, à 6 millions d’unités, ce qui pourrait soutenir la demande d’acier. Toutefois, «les cours actuels me paraissent peu tenables, explique Sylvain Berthelet. On sait qu’il y a une volonté des acteurs les plus efficients de mener une guerre des prix et l’on n’a pas encore vu de résultats concrets» au niveau de la production.
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