
Le marché primaire corporate euro est au sommet

Alors que l’année 2020 touche à sa fin, le temps est venu de dresser des bilans. Et quelle année exceptionnelle pour le marché primaire corporate euro. Il devrait atteindre un nouveau record de 500 milliards d’euros (+19% par rapport à 2019 qui était déjà une année dynamique), selon les estimations de SG CIB. Si le marché devrait encore rester ouvert cette semaine, le nombre de transactions s’est nettement ralenti depuis début décembre, avec pour l’essentiel des émetteurs high yield (HY) sur des montants limités. Sur le segment investment grade (IG), les entreprises ont émis cette année un montant record de 425 milliards d’euros (+21%). Le marché HY atteint également un plus haut historique avec 75 milliards d’euros émis (+9%). Malgré la crise du Covid-19, les entreprises sont rapidement revenues sur le marché grâce aux soutiens publics massifs (budgétaire et monétaire) et à la forte demande des investisseurs.
«La profondeur du marché a été exceptionnelle, indique Felix Orsini, responsable mondial DCM (Debt Capital Markets) chez Société Générale CIB. Le marché n’a finalement été fermé que quelques jours». En mars, en pleine crise, les émetteurs les plus solides ont pu émettre avec bien sûr un impact important sur les prix, mais le marché ne s’est pas gelé comme en 2008. Les émetteurs notés BBB ont suivi. Sur le HY, qui a été fermé deux mois, certains émetteurs, y compris dans des secteurs les plus affectés par la crise, ont pu venir dès le mois d’avril à l’image de Merlin Entertainment mais avec un spread de près de 770 points de base (pb).
«L’attitude favorable au risque des investisseurs a aussi marqué cette année 2020, constate Felix Orsini. Ils ont soutenu tous les secteurs, y compris les plus touchés par la crise dans un contexte où les agences de notation rétrogradaient des notations tous les jours. C’est le signe d’une maturité du marché euro». De fait, les émetteurs ont accepté un réajustement des prix immédiat sur l’IG. Engie, par exemple, s’est financé à 12 ans avec un spread de 210 points de base alors qu’il avait payé 52 pb sur la même maturité six mois. «C’était déjà le cas aux Etats-Unis, poursuit Felix Orsini. Jusqu’à présent en Europe, les émetteurs attendaient le réajustement des prix avant de revenir sur le marché». Il en a été de même sur le haut rendement européen. Cette année a aussi été l’occasion pour de nombreux émetteurs d’allonger la maturité de leurs dettes. Airbus, Total, Verizon ont placé du papier à 20 ans ou plus, qui est passé de 10 à 20% des émissions.
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