
Le marché reste insensible aux «anges déchus»

C’était l’une des grandes craintes des investisseurs. La vague de «fallen angels» a bien eu lieu mais sans vent de panique. Dernière entreprise à basculer d’investment grade (IG) en high yield (HY), Valeo n’a pas eu beaucoup plus d’impact. S&P a conclu la surveillance négative initiée en avril 2020 sur la note de l’équipementier automobile par une dégradation d’un cran à BB+ en raison de l’impact de la crise du coronavirus sur ses comptes.
Depuis le début de l’année, 45,3 milliards d’euros d’obligations, soit 2% du stocks de dette IG, sont tombés en HY, dont 10,8 milliards au cours des deux derniers mois (Rolls-Royce, les obligations hybrides EDF, Fluor, Schaeffler et Valeo). «Le transfert de risque des ‘fallen angels’ entre les investisseurs IG et HY a été jusqu’à présent très ordonné», selon les stratégistes crédit de JPMorgan (JPM) qui précisent que les obligations ont quitté l’indice IG avec un prix moyen de 94,8%. Pendant la crise financière de 2007-2008 elles avaient atteint des plus bas de 50-60%. Rapporté au portefeuille d’un investisseur qui aurait vendu ses titres fallen angels lors de la dégradation, cela représente une perte de 16 points de base (pb) limitée par rapport à un spread de 137 pb au-dessus du rendement du Bund. Le soutien sans précédent des banques centrales et des gouvernements a totalement changé la donne en termes d’évaluation du risque.
Les analystes pourraient revoir leurs prévisions du montant de dette «fallen angels» d’ici la fin de l’année. C’est le cas de JPM. D’abord grâce au rebond plus important de l’activité. Ensuite parce qu’une partie des mises sous surveillance de notations pendant le pic de la crise en mars-avril s’est conclue, la liste des entreprises à risque est donc plus courte. Plus important encore pour les stratégistes de JPM, les marchés actions permettent aux entreprises de renforcer leur bilan.
Le risque est également plus faible pour Bank of America (BoA) : «Nous estimons à 5 milliards d’euros le montant de dette notée BBB2/BBB3 qui est à la fois en perspective négative et sous surveillance avec implication négative, en baisse par rapport à 8,1 milliards en mai». Le secteur automobile a été l’un des plus touchés récemment (dont les deux «fallen angels» de juillet). «Ce secteur ne devrait plus être un contributeur à la migration entre l’IG et le HY car la plupart des candidats à une dégradation l’ont déjà été», notent les stratégistes crédit de BoA. Le rythme des dégradations s’est d’ailleurs globalement réduit ces derniers mois. Au total elles ont diminué en net à 38 milliards d’obligations (401 milliards depuis le début de l’année).
Plus d'articles du même thème
-
Le risque de surenchère tarifaire tétanise les marchés
La riposte de la Chine aux tarifs douaniers réciproques de Donald Trump a exacerbé le risque d'escalade et de récession, plongeant les marchés financiers encore davantage dans la tourmente. Wall Street accuse sa pire chute depuis la crise Covid. L'Europe efface ses gains de 2025. Les investisseurs fuient vers les emprunts d'Etat. -
Les gérants de crédit continuent de s’ajuster à la nouvelle donne
Les panélistes de L’Agefi sont de plus en plus prudents face au risque d’écartement des spreads, toujours serrés, en cas de fort ralentissement de la croissance suite au choc des tarifs douaniers. -
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions