
Le marché du crédit reste suspendu aux mesures de la BCE

Le marché du crédit en euro suivra de près les annonces faites par la BCE lors de sa réunion de jeudi concernant l’avenir de son programme de rachat d’obligations corporates (CSPP). Après un été calme, le marché primaire a repris en fanfare avec 7,25 milliards d’euros d’émissions absorbés la semaine dernière en l’espace de seulement 2 jours par les investisseurs et la BCE. Si la fin de semaine a été moins active, avec l’émission de Schneider Electric qui a placé 800 millions d’euros de dette senior à un spread de 27 pb au-dessus du taux mid-swap, soit 13 pb en dessous de l’indication initiale, SG CIB anticipe 90 milliards de volumes supplémentaires sur l’investment grade (IG) d’ici la fin de l’année. Ce montant correspond à 20 milliards d'émissions nettes avec les 30 milliards de rachats de la BCE.
Si SG CIB estime que le marché est en mesure d’absorber 120 milliards d’euros d’émissions sur l’IG sans hausse de spreads, le retour récent des volumes sur le marché primaire en euros n’a cependant pas été sans conséquence pour le secondaire. Après une période de fort resserrement en juillet, les spreads sur l’iBoxx corporate non financier senior se sont ensuite stabilisés entre 52 et 55 pb sur le mois d’août. Dans le même temps, les indices de dette subordonnée et high yield se sont resserrés de 33 et 36 pb.
«La valorisation des dettes corporates IG étant déjà chère et le niveau de rendement absolu devenant difficilement acceptable pour certains investisseurs, l’effet d’éviction a déplacé le rally des dettes éligibles au CSPP vers des segments non éligibles et plus rémunérateurs», explique ainsi Natixis.
Cette stabilisation des spreads correspond en outre au ralentissement du rythme moyen des rachats hebdomadaires de la BCE à 1,5 milliard d’euros en août, contre environ 2 milliards acquis par les banques centrales nationales au cours des premières semaines du programme CSPP. «Depuis le lancement du CSPP le 6 juin, l’iBoxx corporate non financier senior s’est resserré de 27 pb, dont 21 pb sont attribuables à l’effet brut des achats hebdomadaires, soit 76% du resserrement», estime Natixis.
Si les marchés tablent sur un statu quo, le discours tenu jeudi par Mario Draghi sur un éventuel tapering ou arrêt de ses rachats de dette corporate sera donc particulièrement suivi par les investisseurs.
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