
Le gel des avoirs russes laisse craindre des turbulences sur les marchés

Avant même les sanctions financières annoncées ce week-end contre la Russie, les tensions montaient sur le marché monétaire, telles mesurées par les contrats d'échanges de devises (swaps). Avec la déconnexion de certaines banques russes du système de messagerie interbancaire Swift, et surtout le gel annoncé des réserves de change de la Banque de Russie, un choc potentiel attend les marchés cette semaine. « Les banques centrales doivent se tenir prêtes à tenir le marché ce lundi », souligne le stratégiste de Credit Suisse, Zoltan Pozsar.
Dans une note publiée le 24 février, l’expert indique que la banque centrale et le secteur privé russes disposeraient de près de 1.000 milliards d’actifs financiers à l’étranger, dont une part importante libellés en dollars américains, même après que le pays a vendu tous ses bons du Trésor américains en 2018. Pour la banque centrale, il parle d’environ 200 milliards de dollars détenus via les lignes de swaps de changes, plus 100 milliards de dollars via des dépôts dans des banques étrangères, sur un total de 640 milliards de réserves de change.
La manière dont les Occidentaux entendent empêcher la banque centrale russe d’accéder à des avoirs étrangers n’était pas encore claire dimanche soir. Mais Zoltan Pozsar rappelle que les actifs d’une banque constituent toujours le passif d’un autre acteur financier. Selon lui, la Banque de Russie détient suffisamment d’actifs directement en dollars pour perturber les marchés monétaires «offshore» si ces actifs devaient être gelés ou cédés en urgence.
« Lorsque les flux changent, les spreads peuvent s’écarter rapidement. Si les choses s’aggravent, il est difficile de ne pas voir un impact direct sur les swaps de change et les fixings autour du Libor dollar [l’un des taux de référence sur le marché] étant donné les vastes excédents financiers de la Russie et les endroits où ces excédents ont été déployés», explique le stratégiste de Credit Suisse.
De son côté, la Banque de Russie perdra une partie de sa force de frappe pour endiguer la baisse du rouble et fournir en dollars les banques commerciales du pays. Deux grandes options s’offrent à elle : vendre une partie de ses réserves d’or (plus de 20% du total) ou en renminbi (environ 13%). Encore faudra-t-il trouver des contreparties conciliantes, par exemple à Pékin. Les banques chinoises ont commencé la semaine dernière à geler les financements des ventes de pétrole russe.
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