
Le dollar reste au centre d’un jeu à somme nulle

Le marché des devises est resté très corrélé aux tensions commerciales entre Chine et Etats-Unis en 2019, et a été bousculé jusqu’aux discours de juin laissant penser que la Fed allait ajuster ses taux. Cela a ensuite mené l’indice dollar DXY entre 97 et 99 points, le 30 septembre, avant un retour autour de 97 en décembre. «La volatilité sur le marché des changes a atteint des niveaux historiquement bas depuis septembre, dans un environnement marqué par une croissance faible, des politiques monétaires ultra-accommodantes et l’attente de la signature d’un accord sino-américain», rappelle Nordine Naam, stratégiste forex de Natixis.
La relative résistance de l’activité américaine continue donc de favoriser le dollar. «La dépréciation de l’euro s’explique tant par la faiblesse des supports internes (croissance, inflation) que par l’amélioration des perspectives de croissance aux Etats-Unis, où les taux réels restent positifs», poursuit le stratégiste, alors que les politiques monétaires se neutralisent et que les interventions des Etats sont beaucoup plus contrôlées et limitées.
Le yuan, lui, a commencé à se déprécier, par paliers à partir du 3 mai et des premiers tweets du président américain en faveur de nouveaux droits de douane, jusqu’à près de 7,20 face au billet vert en septembre, avant l’espoir d’un accord commercial de phase 1. «La faiblesse de la croissance chinoise devrait encore peser en 2020 : nous attendons un dollar toujours ferme à court terme, car cela reste le marché le plus profond et liquide malgré les déficits courant et budgétaire américains, avant une consolidation fin 2020, liée à l’amélioration cyclique de la croissance dans les autres grandes zones économiques, dont la zone euro», note Nordine Naam.
«La dynamique de croissance américaine s’est quand même essoufflée», tempère Peter Kinsella, responsable des stratégies forex chez UBP, qui trouve le dollar «surévalué». «Et il ne faut pas attendre un accord de phase 2 très complet car la Chine demanderait trop d’avancées pour une année électorale», rappelle Hervé Goulletquer, stratégiste de la LBPAM.
L’inconnue du Brexit
Au total, la neutralisation des politiques monétaires devrait maintenir l’euro-dollar autour de 1,11 au premier semestre, selon le consensus. Plus volatile, la livre sterling s’est réappréciée, jusqu’à 1,20 face à l’euro et 1,33 face au dollar au lendemain des législatives du 12 décembre, mais les marchés commencent à réintégrer la difficulté du futur accord commercial lié au Brexit.
Plus d'articles du même thème
-
Le Jour de la Libération rebat les cartes
Retrouvez comme chaque semaine le coup d’œil de DeftHedge sur le marché des changes. -
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
L’âge d’or de l’Amérique se termine maintenant
Fossoyeur du multilatéralisme, le président Trump démantèle de manière systématique les instruments de la puissance américaine, estime la directrice des études économiques du Groupe Crédit Agricole.
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions