
Le ciblage de l’inflation travaille les banques centrales

Les banques centrales vont-elles changer de cap ? La prudence imposée par la Fed, devant l’amener à maintenir un statu quo prolongé, notamment lors de sa réunion mercredi, les investisseurs devraient se projeter à plus long terme. «On doit s’assurer que l’inflation ne retombe pas à zéro parce qu’alors la banque aura vraiment de moins en moins de capacité à réagir à des crises», a prévenu récemment Jerome Powell, le président de la Fed. L’enjeu semble encore plus difficile pour la BCE et pour la BoJ, qui n’ont pas eu l’occasion de relever leurs taux, et dont le bilan (40,4% et 101,6% du PIB) dépasse déjà largement celui de la Fed, réduit à 19%, même si elle pourrait préciser mercredi les modalités de la fin du processus, prévu d’ici la fin d’année.
«Le désarroi des banques centrales est visible dans le caractère ultra-accommodant de leurs politiques monétaires (même dans les pays au plein emploi). Malgré la longueur du cycle de croissance et un taux de chômage de seulement 4%, le taux Fed Funds n’est que de 2,5%, les taux directeurs sont à 0,75% pour la BoE, à 0% (repo) pour la BCE, à -0,10% pour la BoJ, et à -0,25% pour la Suède et la Suisse», explique Natixis. Leur incapacité à faire converger l’inflationvers leur objectif de 2%, malgré l’ampleur des mesures adoptées depuis la crise financière, les conduit même à s’interroger sur leurs stratégies.
Olli Rehn, membre de la BCE et possible successeur de Mario Draghi à la tête de la banque, a alerté vendredi sur l’effet d’un maintien prolongé des taux bas renforçant la dépendance aux outils non conventionnels, dont efficacité n’a pas été prouvée en matière d’inflation, qui doit pousser l’autorité à revoir sa politique. Le même jour, le ministre des Finances japonais a incité la BoJ à être plus flexible sur l’objectif d’inflation compte tenu de ses effets pervers. Face aux risques de baisse des anticipations d’inflation, liés à une phase prolongée d’inflation inférieure à 2%, la Fed a entamé un examen complet de sa stratégie, de ses outils et pratiques, comprenant l’objectif d’inflation, qui doit s’achever d’ici mi-2020.
Mais les réticences sont fortes à adapter une stratégie, qui a longtemps permis de renforcer lisibilité et crédibilité des politiques monétaires. L’économiste en chef de la BCE, Peter Praet, a récemment reconnu que la période actuelle «pourrait ne pas être le bon moment», pour un tel réexamen. Mario Draghi, partageait cette prudence, en indiquant lors de la dernière réunion de la BCE que «dans une pièce noire, on avance à petits pas».
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