
L’Argentine retourne aux urnes en pleine crise

Les Argentins élisent dimanche 27 octobre leur président et leurs députés. Le candidat d’opposition, le péroniste Alberto Fernandez, allié à l’ancienne présidente Cristina Kirchner, pourrait l’emporter dès le premier tour. Il avait écrasé le président sortant Mauricio Macri lors des primaires en août dernier. Ce résultat surprise avait provoqué une chute des actifs argentins et la restructuration de la dette argentine à court terme.
«Nous n’anticipons pas une réaction aussi négative», soulignent les stratégistes de Tellimer. Il faut toutefois s’attendre à un peu de volatilité, certains pariant encore sur une victoire de Mauricio Macri, peu probable compte tenu de son bilan économique. L’actuel président laisse à son successeur un pays en crise. «L’Argentine va devoir faire face à une transition politique complexe, avec un risque de liquidité et de solvabilité, renforçant notre opinion négative sur les perspectives économiques», indique José Carlos Faria, économiste chez BNP Paribas. Le PIB devrait encore se contracter de 3% cette année et de 1,5% en 2020, avec un risque clairement orienté à la baisse. Le choc sur la devise devrait par ailleurs propulser l’inflation à 60% cette année (+53,5% actuellement). A cela s’ajoute une sécheresse qui affecte la production agricole, l’un des piliers de l’économie.
Donner des gages aux marchés
«Le plus important pour les investisseurs sera ce que dit et fait Alberto Fernandez», selon les spécialistes de Tellimer. Il devra notamment leur donner des gages en nommant dans son gouvernement des personnalités favorables aux marchés. Le futur président ne sera toutefois investi que le 10 décembre. Les investisseurs sont d’autant plus inquiets que la dette a bondi et qu’un assainissement budgétaire est nécessaire. «Nous estimons que la dette a augmenté à plus de 100% du PIB en raison du choc sur la devise», indique José Carlos Faria.
Dans ce contexte, la renégociation de l’accord avec le FMI est cruciale. Alberto Fernandez a prévenu qu’il réclamerait un programme d’ajustements et de réformes moins sévère que celui accepté par Mauricio Macri. Si l’engagement du FMI est nécessaire pour les créanciers, «l’Argentine va restructurer sa dette et/ou faire défaut quel que soit le vainqueur», indique Tellimer. Alberto Fernandez a affirmé devant des investisseurs qu’il privilégierait une restructuration sans réduction du nominal sur les 100 milliards de dollars de dette externe. De quoi les séduire.
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