
L’AMF réclame un label et davantage de titrisations pour renforcer les marchés européens

La reconstruction de l’autonomie stratégique de l’Europe ne se fera pas sans la finance. Dans ce contexte, la Commission européenne doit présenter mercredi 19 mars sa stratégie pour l’Union de l’épargne et de l’investissement. En amont de cet événement, l’Autorité française des marchés financiers (AMF) a décidé de dévoiler sa propre contribution à ce projet.
«Mettre fin à la fragmentation des marchés financiers européens et permettre enfin leur développement est aujourd’hui une nécessité pour que le moteur de la finance donne à l’Europe les moyens de son autonomie stratégique et de ses choix politiques», estime dans un communiqué Marie-Anne Barbat-Layani, la présidente de l’AMF, qui rappelle que l’UE a besoin de 1.000 milliards d’euros par an pour financer sa transition climatique et digitale ainsi que sa défense.
Supervision et label communs
Selon l’Autorité, trois mesures doivent être prises en priorité.
Elle recommande ainsi la création d’un label européen «assorti d’une fiscalité favorable» qui viendrait «distinguer les produits les plus intéressants pour le financement à long terme des entreprises européennes». L’objectif : mieux orienter «l’épargne abondante des ménages de l’Union européenne» vers le financement de l’économie européenne.
L’AMF appelle également de ses vœux «une supervision plus intégrée des acteurs financiers au niveau de l’UE». Elle estime que «la fragmentation de la supervision des marchés de capitaux est un obstacle pour le développement des marchés». «Elle est également porteuse de risques financiers, d’une course au moins-disant réglementaire au détriment de la protection des investisseurs, et l’une des causes majeures de la complexité réglementaire en Europe». L’AMF compte d’ailleurs publier «très prochainement» des propositions plus détaillées sur ce sujet.
Enfin, l’Autorité livre une recommandation qui pourrait se révéler moins consensuelle. L’AMF souhaite favoriser la titrisation des crédits bancaires qu’elle juge à la fois comme indispensable «pour relancer le moteur du crédit» et comme une «opportunité sans équivalent pour le développement des marchés de capitaux».
La place de Paris se mobilise
Dans la foulée de ces recommandations du gendarme de la Bourse, et avant la publication de la stratégie de l’UE en la matière, les acteurs de la place de Paris publieront mardi matin un «Manifeste pour un meilleur financement des entreprises par les marchés de capitaux». A cette occasion, les représentants de l’Afep, de l’AFG, de l’Amafi, de CDC Croissance, d’Euronext, d’Europlace et de Middlenext s’exprimeront lors d’une conférence de presse commune le 18 mars à 8h30.
Il y a quelques jours, plusieurs dizaines d’entreprises technologiques dont Airbus et Dassault Systèmes ont de leur côté publié une lettre ouverte à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, réclamant la création d’un fonds d’infrastructure souverain, a rapporté Reuters ce lundi.
A lire aussi: Euronext plaide pour une supervision unique des marchés en Europe
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