
La vigueur de l’euro pèse sur les marchés actions européens

L’appréciation de l’euro est le symptôme d’une reprise claire et durable des économies de la zone monétaire, mais la vigueur de la monnaie unique nourrit les inquiétudes des exportateurs. Le passage au-dessus du seuil de 1,20 dollar, franchi hier avec une hausse de 0,6% portant l’euro à 1,2052 dollar, a ravivé ces craintes, accentuant la tendance baissière des marchés européens depuis début mai. L’indice EuroStoxx 600 est désormais en recul de 7% depuis son pic atteint le 10 mai dernier, ramenant ses gains à 2% sur l’année. Même dynamique sur le CAC 40 et le DAX, tous deux en recul de plus de 7% depuis leurs pics et qui affichent désormais une progression de respectivement 3,4% et 4% depuis le début de l’année.
L’économiste en chef de la Confindustria, le patronat italien, se montre déjà inquiet. «Nous devons nous attendre à des revenus en baisse étant donné la vigueur de l’euro, explique Luca Paolazzi. La question clé concerne l’impact sur l’économie d’une appréciation rapide, et c’est ce qui s’est passé ces deux derniers mois.» Selon la Confindustria, un gain de 4% de l’euro face au dollar se traduirait par une réduction de 0,2 point du PIB 2018. Depuis le début de l’année, l’euro a gagné près de 15% face au dollar, et près de 10% face à un panier de devise calculé par Bloomberg.
Pour le moment néanmoins, les exportateurs européens semblent immunisés contre la hausse de la monnaie. Les derniers indices PMI publiés la semaine dernière font état d’une croissance des exportations au plus haut depuis plus de six ans. «Un euro plus fort n’aide pas, mais la reprise est devenue très large et résiliente aux chocs externes, souligne Frederik Ducrozet, économiste senior chez Pictet. La question est moins sur le niveau de l’euro que sur son rythme d’appréciation. Un seuil de douleur serait atteint si le mouvement actuel se maintenait au-dessus de 1,20 dollar, mais ce n’est pas encore le cas.»
Les exportations ne sont toutefois pas le moteur du dynamisme européen, soutenu par la consommation des ménages, dont le moral se maintient au beau fixe. Les analystes d’UBS recommandent ainsi, dans une note publiée hier, de miser sur les valeurs domestiques européennes, celles-ci «s’échangeant avec un rabais significatif par rapport au marché», mais exhibant un meilleur profil de croissance de leur bénéfice par action.
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