La Turquie caresse le projet d’une structure de défaisance bancaire

Ankara pourrait dévoiler ses projets ce jeudi. Avec la chute de la devise, la qualité des bilans est vouée à se dégrader.
Alexandre Garabedian
bourse istanbul
L’indice bancaire de la Bourse d’Istanbul a reculé de 2,6% hier.  -  Photo Borsa Istanbul.

Ankara relâche la pression sur le secteur bancaire. La Turquie pourrait dévoiler ce jeudi les contours d’une structure de défaisance, conçue pour alléger le fardeau des banques, rapportait lundi Bloomberg. Celles-ci pourraient lui transférer des encours douteux voués à augmenter en raison de la chute de la devise et du ralentissement économique. Les mesures ont été discutées la semaine dernière entre dirigeants de banques et responsables du gouvernement. Elles feraient partie du programme économique à trois ans que le ministre des Finances, Berat Albayrak, gendre du président Erdogan, doit présenter ce jeudi.

A fin août, le ratio de prêts non performants (NPL) du secteur bancaire turc apparaissait pourtant relativement faible, à 2,81%. Il était même, jusqu’à cette date, orienté à la baisse. «L’une des raisons pour lesquelles le ratio a l’air si bon vient de la hausse rapide des volumes de prêts, favorisée en grande partie par le CGF, le fonds public de garantie des crédits, ce qui gonfle le dénominateur», relativisent les analystes crédit de CreditSights.

En valeur absolue, le stock de NPL s’accroît de 10% sur un an glissant, rappellent les analystes, et celui des prêts de 21%, ce qui porte en germe de futures dépréciations. Le plongeon de la livre, de 40% face au dollar en 2018, et le relèvement des taux directeurs, que la banque centrale de Turquie a portés la semaine dernière à 24%, laissent en effet craindre une détérioration rapide de la qualité de crédit. D’autant que les bilans bancaires turcs ont une structure particulière : les prêts aux grandes entreprises et aux PME en composent les trois quarts, et les prêts libellés en devises étrangères un gros tiers, selon les statistiques de la BDDK, le superviseur local. Les banques se financent également pour bonne part en devises étrangères, par le biais de produits dérivés.

Pour l’heure, les actions et obligations des banques turques ont mieux résisté que le souverain à la correction des derniers mois. Des mesures techniques d’urgence avaient été prises en août pour améliorer le profil de liquidité des établissements de crédit. La perspective de création d’une bad bank, non confirmée, n’a pas empêché l’indice bancaire de la Bourse d’Istanbul de reculer de 2,6% hier, après les deux séances très positives qui ont suivi la décision de la banque centrale.

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