La tendance est à la «value» financière et aux secteurs de croissance séculaire

La matrice de momentum des secteurs européens, dont l’objectif est d’identifier les tendances dominantes du moment, révèle une forte dispersion dans le comportement relatif des différents segments sectoriels et stylistiques du marché.
Stéphane Levy, stratégiste et responsable de l’innovation chez Chahine Capital
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Quels secteurs privilégier pour 2024 ?  - 

Le cadran «Nord-Ouest» du graphe regroupe les secteurs «stars». Ceux qui ont été capables de surperformer le marché lors des deux semestres de l’année 2023. On y retrouve le secteur bancaire soutenu par un environnement de taux élevés ainsi que par un momentum économique européen qui n’a eu de cesse de s’améliorer en 2023 après avoir atteint un niveau très bas à l’automne 2022. On y retrouve également de nombreux secteurs emblématiques de la croissance séculaire (distribution, technologie, construction). Il s’agit là d’un phénomène de rattrapage après une année 2022 désastreuse pour cette typologie de titres, très liée à la Chine. Il est donc logique qu’après une année 2022 de confinements dans l’empire du Milieu, la réouverture de l’économie fin 2022, même si elle a pu décevoir, ait soutenu la partie «croissance» de la cote européenne en 2023.

Le cadran «Sud-Est», celui des «losers», regroupe les secteurs qui viennent d’aligner deux semestres consécutifs de sous-performance. Ce sont tous des secteurs défensifs, dont le «beta» (sensibilité statistique au marché) est inférieur à 1x. Leur sous-performance est à cet égard logique puisque les indices européens ont grimpé d’environ 15% en 2023. De surcroît, ces secteurs ont en commun d’être vulnérables en cas de hausse de taux. L’agro-alimentaire et la santé sont des secteurs que l’on classe dans le style «visibilité». Cette typologie de titres, que l’on qualifie souvent de «proxy-bonds» (quasi-obligations) en raison de leur propension à générer des revenus prévisibles et récurrents, est pour cette raison-là traditionnellement sous-performante dans des environnements haussiers sur les taux. Les deux secteurs «value» télécoms et utilities révèlent un peu les mêmes caractéristiques. Leur activité est peu cyclique, ce qui leur confère un statut de secteurs défensifs, à faible «beta». Par ailleurs, leur niveau d’endettement élevé les désavantage en termes relatifs dans des environnements haussiers sur les taux.

Reclassement de l’immobilier

Les deux derniers cadrans regroupent les secteurs dont le comportement relatif est en rotation. Les secteurs en «Recovery» (cadran «Nord-Ouest») sont ceux qui ont surperformé lors du 2ᵉ semestre 2023 après avoir été sous-performants lors du 1ᵉʳ semestre. Les secteurs «stars» de 2022 y sont logés (minières et énergie). Ces derniers ont donc connu deux rotations puissantes depuis douze mois. Le secteur immobilier, quant à lui, est le meilleur du 2e semestre (+29,3% vs +4,6% pour l’indice Stoxx Europe 600 NR). Ce reclassement est spectaculaire dans la mesure où, depuis l’invasion de l’Ukraine, le secteur immobilier sous-performait inlassablement. Cela fait écho à la tout aussi spectaculaire détente de l’inflation qui ouvre la porte à une baisse des taux directeurs dès le 1ᵉʳ semestre 2024.

Enfin, le dernier cadran réunit les secteurs en «déclin». C’est-à-dire ceux qui ont souffert en relatif lors du 2ᵉ semestre 2023, après un 1ᵉʳ semestre de surperformance. Il regroupe les secteurs, qui ont salué avec trop d’enthousiasme la réouverture de l’économie chinoise en début d’année, à l’instar de l’automobile et des voyages et loisirs, les deux meilleurs secteurs du 1ᵉʳ semestre.

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