
La réouverture de l’économie emballe les attentes de hausses de taux

Après un réajustement en avril et en mai, les 24 sociétés du Panel taux-changes de L’Agefi, interrogées la semaine dernière, s’emballent sur la reprise économique. Aux Etats-Unis, l’US Treasury à 10 ans est stable depuis deux mois autour de 1,63%, plusieurs indicateurs économiques liés à la demande montrent des rebonds inédits dans l’histoire après une crise financière. Cette crise sanitaire s’apparente finalement plus à une catastrophe naturelle, qui a incité des soutiens budgétaires et monétaires records alors que, dans le cas américain, l’économie arrivait en fin de cycle.
Même si la campagne de vaccination et la perspective de plans de relance extrêmes s’atténuent, les panélistes apparaissent très optimistes pour le deuxième semestre, au cours duquel la Fed aura très probablement défini les modalités de sa réduction (tapering) du programme d’achats d’actifs (QE), avec des effets induits sur les taux. Plus de la moitié voient l’US Treasury 10 ans à 2% ou plus, et de très loin au-dessus pour Bank of America (BofA), Federal Finance et Deutsche Bank.
La zone euro enthousiasme
Avec des campagnes de vaccination accélérées en mai, la zone euro enthousiasme aussi 15 panélistes qui placent le Bund à 0% ou au-dessus dans six mois, et même à 0,30% pour Lazard Frères Gestion. A l’opposé, Ralf Preusser, responsable taux de BoA, rappelle que «la Banque centrale européenne (BCE) a promis de préserver des conditions financières jusqu’en décembre, et souligné cette promesse en mars, quand le taux à 10 ans était à -0,30%. Je vois peu de risques qu’elle change d’avis, sachant que les taux étaient déjà négatifs avant le Covid-19, que l’offre nette de dettes sera négative entre juillet décembre, et que les points morts d’inflation (break-even) sont déjà élevés».
Pour aller dans son sens, le consensus Bloomberg est à -0,16% en moyenne, dans une fourchette entre -0,50% et +0,20% qui illustre bien les perceptions très dispersées sur la capacité de la BCE à maintenir ou réduire son programme d’achats d’urgence (PEPP). La banque centrale s’exprimera le 10 juin.
Si elle était confirmée par des votes, la différence budgétaire entre les Etats-Unis et la zone euro pourrait peut-être jouer sur un ralentissement de la hausse des taux euro, et sur la paire euro-dollar dans un premier temps. Alors que les risques politiques avec les élections en Allemagne puis en France peuvent plutôt jouer dans l’autre sens.
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