
La remontée de l’euro laisse la BCE de marbre

La remontée de l’euro se poursuit. Si les stratégistes s’interrogeaient il y a encore seulement quelques mois sur un possible franchissement de l’euro-dollar en dessous de la parité, ils n’excluent désormais plus de le voir revenir vers ses niveaux d’avant l’annonce du lancement du QE de la BCE en 2014. Le taux de change flirtait ainsi hier avec le seuil de 1,20 qui n’a pas été connu depuis le mois de janvier 2015, après les discours sans surprise de Mario Draghi et Janet Yellen à Jackson Hole. Les deux banquiers centraux se sont gardés de tout commentaire sur l'évolution à court terme des politiques monétaires de la BCE et de la Fed.
Au total, la monnaie unique s’est appréciée de 15% face au billet vert depuis son récent point bas de moins de 1,04 atteint en décembre 2016, avec la montée des anticipations d’une normalisation monétaire de la BCE.
«La force de l’euro pose un problème particulier, sa récente appréciation pouvant ainsi forcer la BCE à baisser ses prévisions d’inflation lorsqu’elle présentera ses nouvelles projections lors de sa réunion du 7 septembre », alerte SG CIB. Si celles du mois de juin faisaient état d’une inflation globale à 1,3% au sein de la zone euro pour 2018 et à 1,6% pour 2019, SG CIB estime qu’en tenant compte de l’évolution de cours du Brent et de l’euro dans le modèle d’analyse de la BCE, elles seront revues à la baisse de 0,3 point au cours des deux prochaines années. Les minutes de la dernière réunion du Conseil des gouverneurs publiées mi-août avaient déjà révélé ses craintes concernant une éventuelle «surévaluation» de la monnaie unique dans un contexte de tensions sur les prix qui restent «atones».
«La BCE doit choisir entre maintenir la sortie de son QE comme un scénario possible et conserver sa confiance d’un retour de l’inflation, ou préparer une extension en ajustant les limites de son programme de rachats ou en lançant de nouveaux programmes», résume SG CIB. Dans ce contexte, la BCE pourrait voir d’un mauvais œil une remontée trop forte de l’euro. Si l’amélioration récente des perspectives de croissance en zone euro, et la possible annonce d’ici à la fin de l’année de la sortie de ses rachats au cours de 2018 expliquent son rebond récent, «le marché a complètement modifié ses anticipations et son positionnement sur l’euro, et a désormais intégré dans ses cours le début de la normalisation monétaire de la BCE», estime Natixis qui anticipe un plus haut de l’euro-dollar cet automne à 1,21.
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