
La hausse des taux remet les marchés sous pression

Les marchés actions n’avaient pas connu des pics de volatilité aussi marqués et rapprochés depuis début 2021 quand les taux longs américains avaient grimpé vite et fort. L’indice Vix de volatilité implicite à 30 jours sur le S&P 500 a bondi mardi de 5 points, à 24, dans un marché enregistrant sa plus forte baisse depuis mai. Le VStoxx (volatilité de l’indice Euro Stoxx 50, qui est plus volatil que l’indice américain) était également en hausse, à 25.
Lundi 20 septembre, la volatilité actions avait déjà enregistré un premier sursaut avec les craintes des conséquences d’un défaut du chinois Evergrandesur la croissance économique chinoise et mondiale, les investisseurs ayant coupé leurs positions short sur la volatilité. Désormais, le risque Evergrande a été chassé par la hausse des taux longs provoquée par les discours plus restrictifs de la Fed et de la Banque d’Angleterre. La remontée des rendements obligataires a entraîné, comme en début d’année, un net rebond de la volatilité actions.
24 points de base en quatre séances
Mardi, les taux longs ont continué leur hausse ajoutant 4 points de base (pb) au rendement des Treasuries 10 ans américain à 1,53%, portant à 24 pb le rebond en quatre séances. Le taux à 30 ans grimpait de 6 pb, à 2,06%. La progression des prix des matières premières et surtout de l’énergie (pétrole et gaz), qui accentue les craintes d’une inflation soutenue et persistante, ajoute à ces tensions. Les investisseurs ont aussi réagi aux propos peu rassurants de Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, et de Jerome Powell, le président de la Fed, qui ont averti, lors d’une audition au Sénat, des conséquences catastrophiques qu’entraînerait le non-relèvement du plafond de la dette.
Les marchés actions ont accentué mardi leur repli, affectés par une rotation en dehors des valeurs de croissance, notamment les valeurs technologiques. En Europe, l’indice Stoxx 600 a chuté de 2,2%. A Wall Street, le Nasdaq sous-performait l’indice S&P 500. De ce côté-ci de l’Atlantique, l’ensemble des secteurs, hormis l’énergie (+0,9%) qui progressait grâce à la hausse récente des prix du pétrole et du gaz, était en repli, les valeurs technologiques étant plus fortement touchées par la hausse des taux (-4,9%). Les valeurs de croissance sont négativement corrélées aux taux. Elles sont d’autant plus pénalisées qu’elles sont chères.
Cette rotation en dehors de la croissance devrait logiquement bénéficier aux valeurs décotées (value) et aux secteurs cycliques. «Le changement progressif dans la politique des banques centrales reflète plutôt l’optimisme sur la croissance économique que des craintes sur l’inflation», juge Mark Haefele, responsable de l’investissement chez UBS WM pour qui ni ce ton plus restrictif, ni la hausse des taux ne devraient mettre un terme au rallye boursier. Les stratégistes de JPMorgan misent sur un retour du pari de reflation : «Le pari sur la réouverture des économies va reprendre et les valeurs cycliques vont redevenir les leaders du marché alors que le risque lié au variant Delta disparaît et que la normalisation de la politique monétaire stimule les taux».
Doutes sur le rythme de croissance
Il y a eu un début de rotation vers les valeurs liées au tourisme avec l’autorisation de voyager à nouveau aux Etats-Unis mais ces dernières sont surtout très en retard. En fait, depuis début septembre, quasiment tous les secteurs sont en repli sur le marché européen, y compris les plus cycliques comme l’industrie (-4,4%) ou la chimie (-4,8%). La hausse des valeurs bancaires, pour lesquelles la hausse des taux est positive, reste limitée (+1,9% sur la période mais elles affichent toujours la meilleure performance depuis le début de l’année à +28%). Il en est de même pour Wall Street.
Certains observateurs ne sont pas aussi optimistes sur la poursuite du rebond de la croissance alors que la hausse des prix, notamment de l’énergie, pourrait peser sur la consommation et sur les marges des entreprises. Cela explique l’absence de rotation sectorielle. Le ralentissement en Chine inquiète également les investisseurs. Les stratégistes de Bank of America sont récemment devenus plus prudents sur les actions européennes, pourtant les plus cycliques, en raison d’un environnement de plus faible croissance avec des taux plus élevés peu propices aux actions. Un véritable test pour le soutien des achats sur repli.
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