
La hausse de l’euro pourrait contrarier les projets de la BCE

Les marchés attendent de pied ferme la réunion de la BCE qui se tiendra jeudi. Mario Draghi a pris soin d’éviter tout dérapage à Jackson Hole et le moindre signe qui laisserait entrevoir le lancement d’un processus de sortie des rachats de titres, du fait de l’amélioration des perspectives de croissance et d’inflation en zone euro et de la raréfaction des titres disponibles, sera scruté par les investisseurs. Si aucun mouvement sur les taux n’est prévu à horizon 1 an, le consensus anticipe désormais l’annonce d’une réduction du QE à l’issue de sa réunion du 26 octobre. Les rachats d’obligations d’Etat de la BCE se poursuivant à un rythme de 60 milliards d’euros d’ici à fin décembre, il devrait ensuite être réduit progressivement au cours de l’année prochaine, avant une extinction définitive attendue d’ici à fin 2018.
«Au moment même où le consensus s’était rangé sur le scénario d’un tapering l’an prochain, la remontée de l’euro contrarie les projets de la BCE. On peut même se demander si ses rachats ne devraient pas être augmentés, soit en relevant le plafond sur les émissions soit avec un nouveau programme, au lieu d’être abandonnés», alerte SG CIB. L’appréciation de l’euro de 5% face au dollar depuis la réunion de la BCE de juin, ainsi que contre yen et livre, a conduit le consensus à repousser d’un mois ses anticipations de l’annonce du tapering par rapport à celles d’il y a à peine trois semaines, Bloomberg indiquant même que la BCE ne serait pas prête avant décembre. Elle a également poussé les Panélistes de L’Agefi à relever fortement leurs anticipations de taux de change de l’euro depuis celles du mois de juillet.
Même si la BCE estime que ce dernier ne fait partie de ses objectifs, son relèvement devrait peser sur ses anticipations d’inflation. Avec des chiffres qui ont révélé une stabilité de l’inflation sous-jacente à 1,2% en août, Frédérik Ducrozet, économiste chez Pictet, estime que la progression du taux de change réel de l’euro de 5% depuis juin se traduira par la baisse des projections de la BCE à 1,4% cette année, puis 1,1% et 1,5% en 2018 et 2019. «Dans le cas extrême de hausse durable de l’euro au-dessus de 1,20-1,25, il n’est pas exclu que le rythme actuel de rachats de 60 milliards d’euros soit maintenu en 2018», ajoute-t-il. L’euro reste inférieur de 17% par rapport à ses niveaux de 2014 avant l’annonce du QE, mais la Fed n’avait pas alors lancé sa normalisation monétaire ni promis une réduction de son bilan.
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