La France et l’Italie font le plein pour leurs nouvelles dettes

Les deux pays ont émis 5 milliards et 6 milliards d’obligations, avec une forte demande, attirée par des taux plus élevés.
Xavier Diaz
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Pour l’OAT française, en cas de choc de 1% des taux sur l’ensemble de la courbe et de la durée, le coût supplémentaire pour l’ensemble de la dette serait de 165,5 milliards.  -  AdobeStock

La France a émis, mardi, une nouvelle OAT (obligation assimilable du Trésor), de 5 milliards d’euros à 20 ans, dans le cadre d’une syndication bancaire. Malgré un contexte de marché difficile, l’opération a enregistré une demande de 32,5 milliards d’euros. «Ce montant est un signal positif, même si, comme toujours, les livres d’ordres ont tendance à être gonflés par les demandes de certains investisseurs qui pensent être faiblement servis, relève Cyril Rousseau, directeur général de l’Agence France Trésor (AFT). Plus que la taille de la demande, c’est la profondeur et la stabilité de la base d’investisseurs qui est importante.»

Plus de 200 investisseurs finaux ont participé à l’opération, avec une allocation à 32% à des banques, à 29% à des gestionnaires d’actifs, à 15% à des institutions publiques, à 10% à des fonds de pension, à 8% à des assureurs et à 7% à des gestions alternatives, en Europe principalement. La répartition est proche de celle de la dernière émission d’OAT 20 ans, réalisée en 2020. «L’AFT s’est gardé une certaine flexibilité en annonçant, dans son programme d’émission pour 2022, une opération entre 20 et 30 ans, indique Jérôme Pellet, responsable de la syndication DCM chez HSBC, qui participait à cette opération en tant que chef de file. Cela a permis de s’adapter à la demande. La courbe 15-30 ans s’est fortement aplatie cette année. Les investisseurs préfèrent se porter sur des maturités plus courtes.»

Hausse du coût

Jusqu’à présent, alors que les taux étaient négatifs, l’AFT s’était notamment portée sur la maturité 30 ans, avec des émissions chaque année. La nouvelle OAT, qui offre un coupon annuel de 2,5%, a été émise sur la base d’un rendement de 2,596% et d’un spread de 7 points de base (pb) au-dessus de l’obligation de référence précédente, l’OAT 2040 lancée il y a deux ans. «Cette prime est plus importante qu’il y a deux ans car elle est le reflet de la volatilité du marché des taux. Par exemple, sur ce seul mardi, les taux longs ont varié de plus de 15 pb en zone euro», souligne Cyril Rousseau. Mais la différence la plus importante avec 2020 est la hausse des taux observée depuis le début de l’année.

Le rendement de l’OAT 20 ans a pris près de 200 pb. En 2020, l’OAT 20 ans avait été émise avec un coupon de 0,5%. «Nous sommes sortis de l’environnement de taux exceptionnellement bas que nous connaissions depuis 2015, même si les taux demeurent en deçà de ce qu’ils étaient les décennies précédentes», observe Cyril Rousseau. En cas de choc de 1% des taux sur l’ensemble de la courbe et de la durée de la projection (fin 2031), le coût supplémentaire pour l’ensemble de la dette serait de 165,5 milliards, dont 2,5 milliards cette année et 45 milliards au bout de cinq ans.

Mardi, la France n’était pas seule à émettre sur le marché. L’Italie a placé une nouvelle obligation verte, à 13 ans, d’un montant de 6 milliards d’euros, qui a enregistré une demande de 40 milliards. Le rendement à l’émission, de 4,07%, et le coupon (4%) sont, là encore, en nette augmentation. Le spread par rapport au BTP (emprunt d’Etat italien) est de 5 pb.

Fin août, l’Allemagne, qui est l’une des économies les plus affectées par la crise énergétique, avait émis une obligation verte à 5 ans de 5 milliards, avec une demande de 14 milliards, moins soutenue. Le rendement à l’émission a été de 1,365% et le coupon de 1,3%. L’appétit des investisseurs pour le souverain est sélectif. Ils semblent chercher des opportunités sur des signatures équivalentes offrant de meilleurs rendements. La Belgique présente, cette semaine, son programme d’émission de dette vertes. Cela pourrait être l’une d’elles.

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