La France doit encore s’attaquer à la montagne des dépenses publiques

Si Paris applaudit la sortie de la procédure de déficit excessif, qui sera actée en juin, le problème de déficit structurel demeure entier.
Alexandre Garabedian
Pierre Moscovici, à la conférence de presse de la Commission européenne, le 23 mai 2018, salue la fin de l’endettement excessif de la France.
Le 23 mai 2018, à la conférence de presse de la Commission européenne, Pierre Moscovici saluait la fin du déficit excessif de la France.  -  EU

Neuf ans plus tard, la France va sortir de sa procédure de déficit excessif. La Commission européenne l’a proposé hier, comme attendu, alors que le déficit français est tombé l’an dernier à 2,6% du produit intérieur brut. Il reste aux ministres des Finances de l’Union européenne à endosser cette décision lors de leur réunion de juin. L’Espagne sera alors le seul et dernier pays en procédure de déficit excessif.

Pour Paris, où l’on reconnaît avoir été surpris l’an dernier par la vigueur de la croissance, le plus dur commence : agir davantage sur les dépenses et le déficit structurel.

Pierre Moscovici, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, et ancien locataire de Bercy, s’est voulu hier rassurant : «Nous n’aurions pas proposé la sortie de la procédure de déficit excessif si nous n’avions pas non seulement la conviction mais aussi la tranquille certitude que non seulement la France avait réduit son déficit public de manière solide à 2,6%, mais que cette correction serait durable aussi bien en 2018 qu’en 2019 même dans l’hypothèse de certains one off.» Parmi ces derniers, la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) en baisses de charges.

Début juin, les experts du comité action publique 2022 devraient remettre à Matignon un rapport – un de plus – sur les économies possibles dans la sphère publique. Le chantier est immense, comme l’a rappelé hier la Cour des comptes dans son rapport sur l’exécution budgétaire de l’Etat en 2017. Le déficit de l’Etat – hors collectivités locales et comptes sociaux, donc – «reste supérieur de près de 22 milliards d’euros au niveau qui permettrait de stabiliser la dette», notent les sages de la rue Cambon.

Dans un avis paru le même jour, le Haut Conseil des finances publiques relève que l’amélioration de 0,3 point du déficit structurel en 2017, à 2,2%, s’explique entièrement par la croissance des prélèvements obligatoires et leur élasticité au PIB (1,4 fois). Bruxelles attend 0,6 point d’amélioration par an. L’effort structurel, qui rend compte de l’action des pouvoirs publics, a même été légèrement négatif (-0,1 point). Le nouveau gouvernement a certes dû apurer en urgence les mauvais comptes de la précédente mandature. «Nous avons ouvert des chapitres difficiles dans le budget 2018, avec la baisse des contrats aidés et les mesures sur le logement», plaide-t-on également du côté de Bercy.

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