
La Fed est attendue sur l’ajustement de son dispositif

Le comité de politique monétaire (FOMC) de la Réserve fédérale américaine tient hier et aujourd’hui sa première réunion régulière depuis que la banque s’est mise en mode crise début mars. Au cours des deux derniers mois, elle est massivement intervenue en dehors de son calendrier régulier de FOMC (la réunion prévue les 17 et 18 mars a été annulée) réduisant ses taux de 100 points de base (pb) et relançant ses programmes de rachats de façon illimitée, en les élargissant à des actifs qu’elle n’avait jamais encore achetés (dette corporate, y compris high yield). Que peut-elle encore annoncer ? «Nous nous attendons à ce que la Fed ne retouche que les programmes existants, car elle est maintenant dans une attitude attentiste et agira à chaque fois qu’elle en aura besoin», observe Sébastien Galy, stratégiste chez Nordea IM. La Fed devrait profiter de cette pause pour opérer certains ajustements techniques.
D’abord sur les taux au jour le jour. La Fed devrait remonter ses taux IOER (10 pb actuellement) et reverse repo overnight (notamment utilisé par les fonds monétaires) de 5 pb. La probabilité d’un tel mouvement est de 80% sur la base des contrats futures Fed funds. L’objectif est de ramener l’ensemble des taux monétaires un peu plus haut dans la bande cible des Fed funds de 0-0,25%. Or, le taux Fed funds effectif est de 4 pb. Les deux taux IOER et reverse repo seraient augmentés afin de maintenir le spread de 10 pb actuel entre ces deux bornes et éviter des arbitrages par les banques. «Compte tenu de sa proactivité ces dernières semaines, la Fed devrait agir dès cette réunion», juge Guillaume Martin, stratégiste taux chez Natixis.
Une forward guidance spécifique ?
L’objectif est d’éviter une compression des taux courts autour de zéro, qui pourrait masquer d’éventuelles tensions naissantes sur les marchés monétaires, et de ralentir les sorties des fonds monétaires si le taux reverse repo tend vers 0%. «Ils pourraient subir une décollecte massive dans les prochains mois compte tenu de la faiblesse de ces taux, ce que la Fed préférerait éviter puisque la majorité du stimulus budgétaire sera financée par l’émission de titres court terme (TBills) par le Trésor», poursuit le stratégiste. Ensuite, la Fed devrait préciser les contours de certains programmes d’achats (dette corporate sur les marchés primaires et secondaires et dette des collectivités locales) qui n’ont pas encore démarré, notamment les prêts à l’économie (Main Street Lending Program).
La Réserve fédérale pourrait en outre indiquer que son programme d’achats, en baisse ces dernières semaines (15 milliards de dollars hebdomadaires contre 75 milliards fin mars et jusqu’à 100 milliards certaines séances ; bilan porté à 6.600 milliards de dollars), reprendra en cas de nouvelle secousse sur les marchés entraînant une évaporation de la liquidité. «La Fed reste en mode urgence et n’est sans doute pas prête à fournir une ‘forward guidance’ spécifique car l’économie est encore en train de se contracter et que le point bas n’est pas certain», note Seth Carpenter, économiste chez UBS pour qui la Réserve fédérale attendra sa réunion de juin pour s’engager sur ce terrain, notamment sur la durée pendant laquelle les taux resteront à zéro, de même que sur un éventuel mécanisme de contrôle de la courbe.
Plus d'articles du même thème
-
EXCLUSIF
Les gestionnaires de taux contiennent leur panique
Les prévisionnistes de L’Agefi tendent à ajouter une baisse de taux à six mois tout en diminuant leurs prévisions pour les taux longs aux Etats-Unis et en augmentant celles sur la zone euro. -
La Banque d’Australie passe un tour
Malgré une inflation en forte baisse, la banque centrale australienne reste prudente, en raison d’un marché de l’emploi vigoureux et d’une situation internationale incertaine. -
«La Fed devrait poursuivre ses baisses de taux jusqu’à 3,75% en fin d’année»
Warin Buntrock, directeur adjoint des gestions chez BFT IM
ETF à la Une
- La Banque Postale débarque le patron de sa banque privée
- A la Société Générale, Slawomir Krupa se prépare à la taylorisation des banques
- La Société Générale prend le risque d'une grève en France fin mars
- Une nouvelle restructuration à la Société Générale ne plairait pas aux investisseurs
- Le CCF a perdu une centaine de millions d’euros l’an dernier
Contenu de nos partenaires
-
Pénuries
En combat air-air, l'aviation de chasse française tiendrait trois jours
Un rapport, rédigé par des aviateurs, pointe les « vulnérabilités significatives » de la France en matière de « supériorité aérienne », décrivant les impasses technologiques, le manque de munitions et les incertitudes sur les programmes d'avenir -
Escalade
L'armée algérienne passe à la dissuasion militaire contre la junte malienne
La relation entre Alger et Bamako ne cesse de se détériorer ces derniers mois alors qu'ex-rebelles et armée malienne s'affrontent à la frontière algérienne -
En panne
Pourquoi les Français n’ont plus envie d’investir dans l’immobilier
L’immobilier était le placement roi, celui que l’on faisait pour préparer sa retraite, celui qui permettait aux classes moyennes de se constituer un patrimoine. Il est tombé de son piédestal. La faute à la conjoncture, à la hausse des taux, à la chute des transactions et à la baisse des prix, mais aussi par choix politique : le placement immobilier a été cloué au pilori par Emmanuel Macron via une fiscalité pesante et une avalanche de normes et d’interdictions