La faible augmentation des salaires américains fait bondir les marchés

Les créations d’emplois et le taux de chômage aux Etats-Unis sont meilleurs que prévu mais les investisseurs n’ont vu que la hausse des salaires plus modérée. Les rendements des emprunts américains s’effondrent et Wall Street rebondit.
Jérôme Batteau, Agefi-Dow Jones, et Xavier Diaz
Chômage emploi USA unemployment job workers
Les économistes anticipaient 200.000 créations de postes.  -  AdobeStock.

Le moindre indice d’un apaisement des tensions sur l’inflation et de l’espoir d’un pivot de la Fed est exploité par les investisseurs. L’annonce de chiffres de l’emploi aux Etats-Unis en décembre, certes supérieurs au consensus, mais montrant une plus faible progression des salaires, ainsi qu’un indice ISM des services décevant, ont déclenché un vent d’achat à Wall Street et une détente spectaculaire sur les marchés de taux. «La modération de la croissance des salaires et la diminution du nombre moyen d’heures travaillées suggèrent que les pressions inflationnistes pourraient s’atténuer», indique ainsi Erik Norland, senior économiste chez CME Group.

La probabilité d’une hausse des taux des Fed funds lors de la prochaine réunion de la banque centrale américaine le 1er février de seulement 25 points de base (pb) a augmenté dans le sillage de ces chiffres à 76% (62% jeudi), selon l’outil Fed Watch de CME Group. Celle d’une hausse de 80 pb n’est plus que de 24%.

La partie courte de la courbe, plus sensible aux évolutions de politiques monétaires, réagit le plus fortement. Le rendement à 2 ans des emprunts d’Etat américains s’effondre de 20 pb, à 4,26%, tandis que celui du titre à 10 ans se resserre de 15 pb, à 3,57%. Ces statistiques sont saluées sur l’ensemble des marchés de taux avec des baisses de rendements de plus de 10 pb sur les courbes européennes, confirmant le meilleur début d’année depuis plus de 40 ans pour le Bund, notamment.

A Wall Street, l’indice S&P 500 a accéléré son rebond et progresse désormais de 1,7%. L’indice Nasdaq gagne 1,5%. Et les valeurs moyennes (indice Small Cap 2000) près de 2%. En Europe, l’indice Euro Stoxx 50 avance de 1,4%, portant à près de 6% ses gains sur la semaine.

Le dollar, qui avait fortement rebondi en début de semaine avec les chiffres d’inflation en zone euro, gagnant jusqu’à 1,9% contre un panier de six grandes devises (indice DXY), reculait également de 0,8%. L’euro progressait face au billet vert à 1,062 dollar (+0,9%), après un plus bas de 1,048 en séance. La livre s’appréciait de 1,3%, à 1,206 dollar. Le dollar perdait également du terrain face à la devise japonais à 132,3 yens (-0,8%).

Hausse inférieure des salaires

Les Etats-Unis ont créé 223.000 emplois nets et le taux de chômage dans le pays a baissé en décembre, témoignant de la bonne résistance du marché du travail malgré la persistance d’une inflation élevée et les signes de ralentissement de l’activité économique.

Selon les données publiées vendredi par le département du Travail, le taux de chômage aux Etats-Unis est descendu le mois dernier à 3,5%, contre 3,6% en novembre en données révisées.

Les économistes interrogés par le Wall Street Journal anticipaient 200.000 créations de postes le mois dernier et un taux de chômage stable.

Le nombre de créations d’emplois du mois de novembre a été révisé en légère baisse, à 256.000, contre 263.000 initialement annoncées.

Le salaire horaire moyen aux Etats-Unis a par ailleurs augmenté de 0,3%, à un rythme plus faible qu’attendu et en ralentissement par rapport aux +0,4% de novembre.

Contraction de l’activité dans l’industrie et l’immobilier

Le rapport mensuel sur l’emploi non agricole aux Etats-Unis est scruté de près par les investisseurs, alors que la Réserve fédérale (Fed) tente de refroidir l'économie pour dompter une inflation qui a atteint en 2022 ses plus hauts niveaux depuis 40 ans.

L'économie américaine continue toutefois de créer des emplois, en dépit d’indicateurs conjoncturels signalant une contraction de l’activité dans certains secteurs comme l’industrie ou l’immobilier. La demande de services, plus gros pourvoyeurs d’emplois aux Etats-Unis, s’est également dégradée en décembre, selon S&P Global.

La Fed a relevé ses taux directeurs à sept reprises en 2022 pour les porter dans une fourchette comprise entre 4,25% et 4,5%, soit leur plus haut niveau depuis 15 ans. Selon les minutes de la dernière réunion de politique monétaire, publiées mercredi, les membres de la Fed prévoient de poursuivre les relèvements de taux et aucun d’entre eux n’envisage un assouplissement monétaire cette année.

Les responsables de la banque centrale ont notamment estimé, dans le compte rendu de leur dernière réunion, que le marché du travail restait très dynamique, ce qui pourrait renforcer les tensions salariales et compliquer la tâche de l’institution dans sa lutte contre l’inflation.

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