
La dette étudiante américaine n’est pas près d’être effacée

Très politique, la mesure voulue par Joe Biden était bancale dès son lancement : le plan d’annulation d’une partie des prêts étudiants annoncé en août, qui permettrait d’injecter 400 milliards de dollars dans l’économie américaine, risque de ne jamais voir le jour. Ce programme, qui n’a pas été voté au Congrès mais instauré par décret pour créer un site d’enregistrement des demandes, est bloqué par deux procédures judiciaires venant du camp républicain.
Dans le premier cas, six Etats républicains (Arkansas, Iowa, Kansas, Missouri, Nebraska, Caroline du Sud) ont annulé le décret, décision confirmée par la cour d’appel de Saint-Louis: l’administration Biden a demandé à la Cour suprême de suspendre ce jugement. Dans le deuxième cas, c’est un juge républicain du Texas qui a déclaré le 10 novembre le plan d’annulation illégal, ce que Washington conteste devant la cour d’appel de la Nouvelle-Orléans.
1.700 milliards d’impayés
Seuls 15% des Américains seraient concernés par ce plan soutenu par une petite majorité selon les sondages. Les Etats réfractaires - dont la Caroline du Sud, malgré une forte proportion de bénéficiaires du plan Biden - avancent que le décret a contourné l’autorité du Congrès et que le plan menace les recettes fiscales fédérales ainsi que les entités qui gèrent les prêts étudiants. Les montants d’impayés sur la dette des étudiants, qui avoisine 1.700 milliards, ont quadruplé en quinze ans.
Fin novembre, le président Joe Biden s’est déclaré convaincu que le plan est légal. Le Département de l’Education, qui avait approuvé 16 millions de demandes sur 26 millions possibles jusqu’au 10 novembre, a donc annoncé un nouveau moratoire pour les emprunteurs jusqu’au 30 juin 2023 au plus tard, le temps de permettre à la Cour suprême de trancher. Les remboursements devront reprendre 60 jours après la fin du moratoire.
L’administration avait décrété fin août que les prêts étudiants pourraient être annulés à hauteur de 10.000 dollars pour les personnes gagnant moins de 125.000 dollars par an, et jusqu’à 20.000 dollars pour les titulaires, généralement à faible revenu, de subventions. La mesure libérerait ces paiements mensuels pour d’autres dépenses. Les blocages devant les tribunaux causent «une énorme incertitude financière pour des millions d’emprunteurs qui ne peuvent pas établir leur budget familial ou planifier les vacances sans une vision claire sur leurs dettes étudiantes», a regretté le secrétaire à l’Education Miguel Cardona.
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