
La Cnuced se soucie de l’envolée de la dette des émergents

La stabilité financière est-elle plus assurée aujourd’hui’hui qu’il y a dix ans lorsque la crise a éclaté ? La Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced) est persuadée du contraire. Dans l’édition 2018 de son rapport annuel, elle s’inquiète de l’envolée des dettes dans le monde. Leur encours est aujourd’hui évalué à 250.000 milliards de dollars, dettes privées et publiques cumulées, selon ce rapport intitulé «Pouvoir, plates-formes et l’illusion du libre-échange». Ce montant représente 3 fois le PIB mondial et le ratio dette sur PIB est à présent supérieur à celui de 2008 de près d’un tiers.
La cause de l’emballement de l’encours ? Elle tient à l’explosion de la dette privée, particulièrement dans les pays émergents et les pays en développement qui enregistrent depuis 2014 une grande volatilité des flux de capitaux internationaux et même des sorties nettes. Le danger de cet endettement est particulièrement inquiétant lorsqu’il est libellé en dollar, soulignait il y a peu la Banque des règlements internationaux.
Pris ensemble, ces pays pèsent plus de 26% de l’encours de la dette mondiale contre 7% il y a dix ans. Dans les pays émergents, le ratio crédits aux entreprises non financières sur PIB a presque doublé au cours de la décennie, passant de 56% à 105% l’an passé. «Pour autant ces pays parviennent à remonter dans la chaîne de valeur industrielle», note Rachid Bouhia, l’un des auteurs du rapport de la Cnuced.
Quant aux pays avancés, l’explosion de la dette n’a pas permis de soutenir le rythme des investissements, le taux d’investissement ayant reculé de 23% à 21% ces dix dernières années, dans le contexte d’une grande atonie des salaires.
L’annonce par les banques centrales des pays avancés de leur intention de resserrer leur politique monétaire a été perçue comme un signal par les investisseurs. Les auteurs estiment que le fait d’inverser la politique monétaire ultra-accommodante de ces dernières années sans mesures de rééquilibrage budgétaire risque de faire avorter la reprise économique hésitante.
Pour ces raisons, «l’économie mondiale est aujourd’hui sur la corde raide» et «les marchés sont entrés dans une zone d’instabilité», estime encore la Cnuced qui table sur une croissance mondiale de 3,1% en 2018 sur fond de tensions commerciales internationales.
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