
La Chine surprend en laissant ses taux inchangés

Le maintien du taux de référence chinois en octobre est surprenant après l’annonce, la semaine passée, d’une croissance du PIB de 6% au troisième trimestre. Le Loan Prime Rate (LPR) a été maintenu à 4,2% à 1 an et à 4,85% à 5 ans. Les économistes attendaient une baisse de ce taux qui sert de référence pour les conditions de crédit appliquées par les banques à leurs clients. Publié chaque mois par la banque populaire de Chine (PBoC), ce nouveau benchmark est le résultat d’un sondage auprès de 18 établissements bancaires. Le LPR est corrélé au taux auquel la banque centrale prête ses liquidités aux banques. Il avait été abaissé en septembre.
«La question est de savoir si les autorités monétaires ont estimé qu’il n’était pas nécessaire de réduire les taux d’intérêt compte tenu de meilleurs indicateurs économiques en septembre ou si elles souhaitent conserver l’arme des taux pour une éventuelle escalade des tensions avec les Etats-Unis», s’interroge Iris Pang, économiste chez ING. La stabilité de ce taux peut en effet surprendre au regard de la croissance économique au troisième trimestre, au rythme le plus bas anticipé par le gouvernement qui vise une croissance comprise dans une large fourchette de 6% à 6,5% pour l’ensemble de l’année. Cette décision est d’autant plus étonnante que le pilotage du LPR devait permettre aux autorités monétaires d’assouplir les conditions de financement des entreprises et d’éviter des baisses de taux directeurs.
L’économie chinoise pâtit des conséquences du conflit commercial avec les Etats-Unis mais aussi de sa politique de deleveraging de l’économie. Malgré le rebond de certains indicateurs (production industrielle, ventes de détail) en septembre, Wei Yao, économiste chez Société Générale CIB, se dit sceptique quant à la soutenabilité de ce rebond. Elle note d’ailleurs le même rebond saisonnier à la fin de chaque trimestre cette année, en mars et en juin, qui ne s’est jamais confirmé les mois suivants. Capital Economics note pour sa part que l’accélération de l’activité dans les services n’a pas permis de compenser le ralentissement dans l’industrie. «La pression sur l’économie va s’intensifier dans les prochains mois», affirme le bureau d’études qui prévient que le soutien budgétaire et monétaire ne sera pas suffisant pour éviter ce ralentissement. Le maintien du LPR semble d’autant moins justifié. Yi Gang le gouverneur de la PBoC a déclaré lors des assemblées annuelles du FMI que son objectif était de maintenir la dette chinoise sous contrôle.
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