
La Chine renonce à donner un objectif de croissance pour 2020

La Chine s’est abstenue pour la première fois depuis qu’elle a commencé à publier ses prévisions économiques en 1990 de fixer un objectif de croissance annuelle et a promis d’augmenter ses dépenses publiquesalors que la crise sanitaire liée au coronavirus pèse lourdement sur son économie.
«Nous n’avons pas fixé d’objectif de croissance économique pour l’ensemble de l’année, principalement parce que la situation épidémique mondiale et la situation économique et commerciale sont très incertaines», a déclaré le Premier ministre Li Keqiang à l’ouverture de la session annuelle du Congrès nationale populaire (NPC), le Parlement chinois. La consommation intérieure, les investissements et les exportations diminuent tandis que la pression sur l’emploi et les risques financiers augmentent, a-t-il averti. «L’abandon d’un objectif chiffré de croissance économique n’est pas tant pour des raisons internes au pays et bien plus du fait des incertitudes internationales», juge Hervé Goulletquer, stratégiste chez LBPAM. Les économistes anticipent que la croissance chinoise ralentisse à 2-3% cette année.
L'économie chinoise a subi au premier trimestre sa première contraction (-6,8% en rythme annuel) depuis au moins 1992 accentuant la pression sur Pékin pour qu’il engage des mesures supplémentaires. Le gouvernement a augmenté son objectif de déficit budgétaire à au moins 3,6% du PIB cette année (2,8% de 2019),
La politique budgétaire sera plus proactive et la politique monétaire plus souple, a indiqué le Premier ministre chinois. La charge fiscale supportée par les entreprises sera réduite de 2.500 milliards de yuans cette année tandis que les PME peuvent repousser le paiement des prêts et des intérêts de neuf mois supplémentaires, jusqu’en mars 2021, et les prêts aux PME par les grandes banques commerciales devraient augmenter de plus de 40%. Li Keqiang a indiqué que la Banque populaire de Chine guiderait son nouveau taux de prêt de référence. Le taux LPR à un an est désormais de 3,85%.
Le gouvernement a par ailleurs fixé le quota d'émission d’obligations spéciales des gouvernements locaux à 3.750 milliards de yuans (481,8 milliards d’euros), un chiffre supérieur aux attentes (3.500 milliards) contre 2.150 milliards de yuans l’année dernière. Le Premier ministre a également annoncé l'émission d’un emprunt d'État pour un montant de 1.000 milliards de yuans cette année, dans le bas de la fourchette des anticipations des économistes (1.000-5.000 milliards de yuans), un instrument de financement qu’elle n’a jusque-là utilisé qu’à deux reprises en 1998 et 2007. «Mais Pékin se donne la possibilité d’émettre plus d’obligations gouvernementales, si nécessaire», précisent les économistes de Nomura.
La Chine ambitionne de stabiliser le chômage «urbain» à 6%. «Cela envoie un message sur la volonté de ‘tenir’ l'économie pour garantir les équilibres sociaux», note Hervé Goulletquer.
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