
La BCE provoque une correction sur les marchés obligataires

Les rendements des emprunts d’Etat en zone euro se sont fortement tendus jeudi, après que la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, a reconnu que l’inflation devrait rester élevée plus longtemps que prévu. Les marchés d’actions européens accentuent également leur recul.
Le taux du Bund allemand à 10 ans s'écarte ainsi de 10 points de base à 16h30, à 0,13%. Celui de l’OAT française se tend de près de 12 points de base, à 0,56%, un niveau que les taux d’empunts de la France à 10 ans n’avaient plus atteints depuis mars 2019. Le mouvement est encore plus violent pour les pays d’Europe du Sud: les rendements italiens, par exemple, flambent de 17 pb à 1,60%.
Alors que le communiqué de la BCE a laissé inchangée la politique monétaire accommodante de l’institution, Christine Lagarde a adopté un ton plus restrictif en conférence de presse. L’inflation en zone euro ayant atteint 5,1% en janvier, dépassant les attentes, la présidente de la BCE a admis que cet indicateur avait «surpris» et qu’il devrait rester élevé plus longtemps que prévu, avant de s’atténuer au cours de 2022. « Par rapport à nos prévisions de décembre, les risques entourant les perspectives d’inflation sont orientés à la hausse, particulièrement pour le court terme », a-t-elle déclaré.
La présidente de la banque centrale a également a évoqué la «préoccupation unanime» des membres du Conseil des gouverneurs au sujet de l’inflation. Elle a cependant précisé que la BCE n’agirait pas dans la précipitation, et souligné à nouveau tabler sur un ralentissement des prix d’ici à la fin de l’année.
Les prévisions d’inflation de la BCE pour 2022, 2023 et 2024, de plus en plus décriées, seront remise à jour en mars.
Une hausse de taux en 2022 plus exclue
Un autre élément de la conférence de presse a été interprété comme un changement de ton restrictif. Alors qu’elle avait totalement exclu jusqu'à présent une hausse de taux en 2022, Christine Lagarde a nuancé jeudi son discours en jugeant cette hypothèse «très improbable». Les marchés de futures de taux intègrent un premier tour de vis de 10 points de base dès le mois de juillet prochain.
De leur côté, la Banque d’Angleterre et la Reserve fédérale américaine sont déjà engagées dans cette voie avec une deuxième hausse des taux en deux mois outre-Manche, et un relèvement annoncé mi-mars aux Etats-Unis. L’effet de mimétisme influencera-t-il la BCE ? «Face à des taux directeurs moyens anticipés proche des 1,00% dans un an pour le G10, Christine Lagarde a laissé la porte ouverte à toutes les options possibles pour 2022. C’est donc possiblement le début d’un revirement monétaire», commente Nicolas Forest, responsable de la gestion obligataire chez Candriam, dans une note.
Une hausse de taux n’interviendrait pas avant l’arrêt du programme d’achat de la BCE. La banque centrale a confirmé jeudi qu’elle mettrait fin en mars aux achats d’obligations qu’elle réalise dans le cadre du Plan d’urgence face à la pandémie (PEPP).
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