La BCE présente sa nouvelle stratégie monétaire

Fabrice Anselmi
Le marché obligataire prépare le retour de la BCE

La Banque centrale européenne (BCE) a donc publié à 13h la nouvelle stratégie monétaire sur laquelle elle travaillait depuis septembre 2020, et qui a été approuvée mercredi. Comme cela circulait depuis quelques jours dans le marché, la BCE a décidé de simplifier le message sur sa cible d’inflation, qui était «proche de mais au-dessous de 2%», et devient «un objectif d’inflation symétrique fixé à 2 % à moyen terme». «Ce qui signifie que les écarts négatifs et positifs sont également indésirables», ajoute le communiqué…

La base de la principale mission reste de «maintenir la stabilité des prix». Le Conseil des gouverneurs confirme également que l’ensemble des taux d’intérêt de la BCE demeure le principal instrument de politique monétaire. D’autres instruments, comme la forward guidance, les achats d’actifs et les opérations de refinancement à plus long terme qui, au cours des dix dernières années, ont permis d’atténuer les contraintes liées au niveau plancher des taux d’intérêt nominaux, resteront une partie intégrante de la panoplie d’outils de la BCE, qui pourront être utilisés de manière appropriée.

Le Conseil des gouverneurs confirme aussi que l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) reste la mesure appropriée de l’évaluation de la stabilité des prix. Il admet cependant que l’inclusion des coûts des logements occupés par leur propriétaire dans l’IPCH permettrait de mieux rendre compte de l’inflation pertinente pour les ménages et que plusieurs années seront nécessaires pour ce faire. Entre-temps, le Conseil utilisera, dans le cadre de ses évaluations de la politique monétaire, des mesures de l’inflation qui intègrent des estimations préliminaires du coût des logements occupés par leur propriétaire pour compléter sa panoplie de mesures plus larges de l’inflation.

Une telle révision, qui était aussi attendue par le marché, semble avoir été perçue comme plutôt accommodante («dovish»), à en croire la baisse des taux sur les marchés… Pour autant, avoir trouvé un compromis aussi rapidement, sans donner l’impression d’avoir mené autant de travaux et de consultations que la Fed américaine en 2019-2020 avant sa révision historique à Jackson Hole, montre que la BCE a choisi de contenter tous les gouverneurs, dont les moins accommodants («hawkish») semblaient pourtant particulièrement diverger des autres il y a encore quelques semaines. Preuve d’un ton moins souple que présumé : la prime de risque sur les obligations italiennes – écart entre le BTP et le Bund – s’est élargie de 96 à 108 pb en deux jours ! La présidente de la BCE Christine Lagarde va devoir donner beaucoup plus de précisions pour convaincre du contraire.

Plan d’action sur le climat

Le Conseil des gouverneurs reconnaît par ailleurs que «le changement climatique a des conséquences profondes sur la stabilité des prix» et a, dès lors, approuvé un plan d’action «ambitieux dans ce domaine» afin de s’engager fermement : à intégrer davantage les considérations liées au changement climatique dans son cadre de politique monétaire ; à étendre à ce sujet sa capacité d’analyse en matière de modélisation macroéconomique, statistique et monétaire ; à inclure les considérations liées au changement climatique dans les opérations de politique monétaire dans les domaines de la divulgation, de l’évaluation des risques, du cadre de garantie et des achats d’actifs sur les dettes d’entreprises ; et à mettre en œuvre ce plan d’action conformément aux progrès des politiques et initiatives de l’Union européenne (UE) en matière d’information sur la durabilité environnementale.

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